Lors de son déplacement à Mulhouse mardi, Emmanuel Macron a dévoilé les premières mesures de son plan d'action contre le "séparatisme islamiste". Il souhaite notamment mettre progressivement fin aux "imams détachés", envoyés en France par d'autres pays. Valérie Pécresse, présidente de la région Île-de-France et fondatrice du Mouvement Libres !, était l'invitée de Sonia Mabrouk mercredi sur Europe 1. Celle qui a mis en place une charte de la laïcité dans sa région considère que le président de la République a occulté la question de la laïcité, pourtant centrale dans la lutte contre l'islamisme politique.
"Des remèdes insuffisants"
"Je crois qu'il y a un début de prise de conscience mais je crois aussi que le diagnostic du président de la République est largement incomplet", déclare Valérie Pécresse sur Europe 1. "Donc les remèdes qu'il propose sont insuffisants", poursuit-elle. "La menace, c'est l'islamisme : quand on croit que la loi religieuse est au dessus de la loi de la République", explique-t-elle.
"L'objectif n'est pas que le séparatisme, il y a aussi un objectif de prise du pouvoir : c'est l'islam politique", affirme la présidente de la région Île-de-France. "Ils font de l'entrisme à tous les étages, du prosélytisme, dans les clubs sportifs, dans les écoles, dans les prisons, dans les hôpitaux, dans les associations et demain sur les listes municipales", s'inquiète l'élue, à quelques semaines du scrutin.
Lutter contre tous les aspects de l'islamisme
Valérie Pécresse considère donc qu'il faut lutter contre tous les aspects de l'islamisme et "pas seulement une petite partie qui serait le repli communautaire", reprochant à Emmanuel Macron de laisser de côté la laïcité. "Il balaie d'un revers de main la question de la laïcité. Je crois qu'elle doit être réaffirmée comme un pilier républicain dans la lutte contre l'islamisme", assure-t-elle.
Elle a créé une charte de la laïcité en Île-de-France pour lutter contre l'islamisme, notamment politique. Elle appelle le Président à s'inspirer de sa charte pour son plan de lutte contre le "séparatisme islamiste". "Il n'a pas parlé de la laïcité. Il n'a pas compris à quel point elle était un rempart contre la propagation de l'islam politique", martèle Valérie Pécresse au micro d'Europe 1.
Alors en quoi consiste cette charte de la laïcité appliquée en Île-de-France ?
"Aujourd’hui en Île-de-France, nous ne subventionnons aucun partenaire qui ne signe pas cette charte de la laïcité, qui contient l'engagement de ne pas faire de prosélytisme religieux. Si c'est le cas, la subvention est supprimée. Cela aboutit au fait que les associations qui utilisaient l'argent public pour propager l'islam politique n'y ont plus accès", se félicite la membre des Républicains.
Inspection de la région
"Il y a eu un auto-contrôle : les associations qui refusaient de signer cette charte n'ont plus demandé d'argent public. Et dès que nous avons des soupçons de violation de la charte, il y a une inspection de la région qui est conduite et nous suspendons les subventions jusqu'à ce que l'audit soit réalisé par les équipes de la région. C'est très efficace", ajoute-t-elle.
"Dans les clubs de sport, qui étaient un des viviers du prosélytisme islamiste, nous avons mis en place un programme de prévention de la radicalisation. Nous avons formé les cadres du mouvement sportif en Île-de-France pour repérer les signaux de radicalisation et le prosélytisme. Ils sont lanceurs d'alerte. Et depuis la mise en place de ce programme, nous avons eu 30 signalements de clubs sportifs dans lesquels on faisait du prosélytisme. Cela peut être un espace de prière dans l'arrière-salle dans une association bénéficiaire de subventions à vocation sociale !", affirme Valérie Pécresse, qui considère que la règle doit être la neutralité du tissu associatif et du service public. "C'est pourquoi je pense que le Président se trompe quand il ne met pas la laïcité au cœur de son pacte républicain", conclut la Présidente de région.