Après deux jours à Chypre, le pape François arrive samedi matin à Athènes à la rencontre des chrétiens orthodoxes de Grèce, une première en deux décennies dans la capitale grecque placée sous haute sécurité en raison du climat antipapiste qui y règne traditionnellement. Si le souverain pontife s'est rendu sur l'île grecque de Lesbos en 2016, c'est la première visite d'un pape à Athènes en vingt ans, depuis le déplacement de Jean Paul II en mai 2001. Invitée de Jean-Pierre Elkabbach samedi matin, Valérie Régnier, présidente de la communauté Sant'Egidio en France, une association de fidèles catholiques engagée dans la lutte contre la pauvreté et le travail pour la paix, a expliqué les motivations du pape François.
"C'est une révolte intérieure. Il voit les migrants, il voit ce qu'il se passe dans le monde, en Europe, et il voit des situations indignes. Il essaie d'y répondre et en tant que chef d'Etat et homme politique, il veut passer un message sur l'accueil des migrants et la fraternité", a-t-elle affirmé.
"Une prison à ciel ouvert"
Vendredi à Chypre, le pape François a appelé à "ouvrir les yeux" devant l'"esclavage" et la "torture", que subissent les migrants dans les camps. Il a en effet jugé que ce qu'il se passe rappelle "les heures sombres de l'Histoire", sous-entendant ainsi que les démocraties d'aujourd'hui sont les dictatures de l'époque. "Il parle des rives voisines de Chypre. Selon moi, il parlait plutôt de la Libye que des côtes européennes. Et en Libye on sait ce qu'il se passe", a soutenu Valérie Régnier.
Elle a enfin comparé le camp de migrants de Lesbos à "une prison à ciel ouvert". "C'est un semi-enfermement. Les personnes qui vivent à Lesbos ont des horaires d'entrée et de sortie et ne peuvent pas sortir le week-end. Et les seules personnes qu'elles rencontrent sont la police et les ONG", a-t-elle détaillé. Cinquante migrants, dont 10 en situation irrégulière détenus, doivent être transférés à Rome.