Ni annonces, ni explications techniques. Alors que la grève contre la réforme des retraites se poursuit toujours à la SNCF et RATP, c'est une prise de parole très attendue. Emmanuel Macron, qui rentre du fort de Brégançon lundi, adressera mardi 31 décembre ses vœux aux Français, à l'occasion de la nouvelle année. Le contexte est particulier, donc, mais le chef de l'Etat ne devrait pas rentrer dans l'arène de la réforme. A l’Elysée, on assume : cette allocution n’est pas le bon moment pour faire un discours de la méthode sur les retraites.
Le président de la République s’en tiendra donc à la ligne de conduite adoptée depuis le début du mouvement : un Premier ministre, Edouard Philippe, aux manettes et un président qui entend prendre de la hauteur. Emmanuel Macron devrait prôner l'apaisement, le rassemblement.
"Probablement une des déclarations les plus compliquées de son quinquennat"
Pour Philippe Moreau-Chevrolet, professeur de communication politique à Sciences-Po Paris, la clef de cette crise dépend uniquement du chef de l'Etat. "L’intervention est capitale pour la suite, car jusqu'à présent, le chef de l'Etat ne s'est pas du tout impliqué dans la réforme. Il ne nous a pas habitués à ça !", explique le professeur. "Le Premier ministre et tous les ministres, dans le plus complet désordre, se sont exprimés. Donc il faut que le chef, dans tout ce bruit, fasse entendre une voix claire."
Plusieurs enjeux pour le président, selon Philippe Moreau-Chevrolet. "Il doit explique le vrai sens de la réforme : faire des économies ou faire du social ? Mais aussi dire s'il veut la maintenir ou non, et quelles sont les concessions qu'il est prêt à faire." Les attentes sont probablement trop grandes vis-à-vis de cette allocution, souligne le professeur de communication politique. "Soit Emmanuel Macron prend la mesure de la situation qui se présente, qui est difficile et grave, soit il la minimise. On sait qu’il n’aime pas agir sous pression, mais on risque d’avoir alors un coup manqué, une déclaration un peu tiède. C'est probablement une des déclarations les plus compliquées de son quinquennat."
Pas plus d'une quinzaine de minutes
Si l’écriture de l’allocution n’est pas encore terminée, le chef de l’Etat défendra l’esprit de la réforme : une refondation de "l’Etat Providence" du 21ème siècle. Emmanuel Macron, qui avait demandé, sans succès, une trêve pour les fêtes, aura aussi un mot pour les Français qui n'ont pas pu retrouver leurs familles. Autant de sujets à aborder rapidement. Car cette année, l'objectif fixé est de faire court : pas plus d'une quinzaine de minutes.