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Margaux Baralon , modifié à
Pour Laurent Brun, secrétaire général de la Fédération CGT des cheminots, farouchement opposé à la réforme des retraites, les vœux d'Emmanuel Macron prononcés mardi soir étaient "technocrates, froids et creux". Invité à y réagir sur Europe 1 mercredi matin, le syndicaliste a pourfendu un président qui, selon lui, "joue son image de réformateur". 
INTERVIEW

"On a eu droit à des vœux technocratiques, froids et creux." Laurent Brun, invité dans la matinale d'Europe 1 mercredi, n'a pas mâché ses mots pour qualifier les vœux présidentiels de la veille au soir. Pour le secrétaire général de la Fédération CGT des cheminots, sur le sujet brûlant du moment, à savoir la réforme des retraites, Emmanuel Macron n'a fait qu'enchaîner une "répétition des éléments de langage de la République en marche depuis deux mois", sans convaincre "ni la population ni les grévistes". 

"Aucun élément nouveau pour répondre aux craintes"

Le syndicaliste en veut pour preuve "les sondages d'opinion" qui "montrent qu'il y a toujours un soutien très large du conflit" avec "deux-tiers" des gens en faveur du retrait de la réforme. Or, Emmanuel Macron n'en a absolument pas tenu compte dans ses vœux, selon lui. "C'est un discours creux car il n'y a aucun élément nouveau pour répondre aux craintes et aux attentes", regrette-t-il. "Surtout, on a un président qui joue son image de réformateur, se fout complètement de la cassure qu’il est en train de créer dans le pays, du rejet de cette réforme-là."

Pour Laurent Brun, pas question d'entendre le président parler, comme il l'a fait mardi soir, de "justice" sociale. "Demain, vous achèterez vos points au quotidien mais en fonction de l’année où vous partirez, la valeur du point ne sera pas la même", explique-t-il. Ultime preuve que la réforme est "néfaste" : "toutes les négociations organisées par le gouvernement pour essayer de sortir des pans de la crainte visent à écarter la réforme." Le syndicaliste fait allusion à ces métiers qui vont finalement bénéficier d'un traitement "spécifique", comme les policiers ou les militaires.

"La paye de janvier sera blanche" pour les grévistes

La CGT n'en démord pas : oui aux négociations, mais "dans [le cadre du] système actuel". Mais selon Laurent Brun, l'exécutif n'y est pas prêt. "On ne nous répond pas. J'aime la confrontation des idées, mais pour ça il faut avoir des idées des deux côtés. On nous invite à valider la réforme, et dans le cadre de cette réforme [seulement], à discuter de cas marginaux". 

Pas question, donc, d'interrompre la grève qui dure maintenant depuis le 5 décembre. "Il n'y a pas de trêve pendant les fêtes et on travaille à la remobilisation à partir du lundi 6", rappelle Laurent Brun. "Pour l'instant, c'est la grève reconductible." La motivation est d'autant plus forte que celles et ceux qui ont débrayé ont désormais perdu un mois de salaire. "La paye de janvier sera blanche", souligne le syndicaliste. "Quand on a perdu un mois de salaire, on ne reprend pas le travail juste [après] de bons vœux d'un président décalé de la réalité."