Dans son tweet, le député de Seine-Saint-Denis, doudoune rouge et écharpe tricolore, se présente souriant dans la rue, le pied sur un ballon de football à l'effigie du ministre. "M. le ministre Olivier Dussopt, retirez votre réforme des retraites", écrit-il. L'image a suscité une série de réactions outrées dans la classe politique.
À l'Assemblée nationale ce vendredi, alors que le climat reste tendu, Olivier Dussopt n'a pas hésité à revenir sur cette polémique. "Vous voulez quoi ? Vous voulez ma tête comme votre collègue ? Vous voulez continuer dans la violence, la stigmatisation ? Vous aussi vous voulez poser avec ma tête coupée ? Vos amendements sont inutiles, c'est de l'obstruction et votre comportement ne sert à rien !" s'est exclamé le ministre du Travail, répondant à un député LFI.
Monsieur le ministre @olivierdussopt retirez votre #ReformeDesRetraitespic.twitter.com/PXvgydps9i
— Thomas Portes (@Portes_Thomas) February 9, 2023
Vives réactions du côté du gouvernement
"L'écharpe tricolore n'est pas un costume de théâtre. Votre mise en scène la déshonore", a fustigé sur Twitter la présidente de l'Assemblée Yaël Braun-Pivet. "Des faits graves ont eu lieu : la tête du ministre Olivier Dussopt a été symboliquement écrasée par un député portant l'écharpe tricolore, qui l'a publiée sur les réseaux sociaux, ce n'est pas comme ça qu'on doit traiter la démocratie", a lancé la cheffe de file des députés Renaissance, Aurore Bergé, en marge d'un débat agité sur des textes socialistes dans l'hémicycle.
Plusieurs ministres ont réagi, notamment le Garde des Sceaux Éric Dupond-Moretti, qui participait à l'examen d'un texte jeudi soir dans l'hémicycle, en présence de Thomas Portes. "Ce n'est pas de la démocratie, c'est de l'ignominie", a-t-il critiqué. Marc Fesneau (Agriculture) a fustigé sur Twitter une "mise en scène inacceptable, dégradante et un appel explicite à la haine et à la violence. Grave irresponsabilité".
"Je suis scandalisé, M. Portes joue les Sans-culottes. Il ferait mieux d'être dans l'hémicycle (...) La Nupes essaye de faire de cette mobilisation sociale un déferlement de haine", a embrayé le ministre des Relations avec le Parlement Franck Riester sur BFMTV.
Le Rassemblement national s'offusque
Dans l'opposition, la présidente du groupe RN à l'Assemblée Marine Le Pen a dénoncé sur Twitter un "comportement indigne", un "appel à la haine et à la violence qui n'a pas sa place dans notre République". Des élus de gauche ont également dénoncé cette image. "Stop à toute violence, même symbolique. D'où quelle vienne, contre qui que ce soit", a réagi le député socialiste Guillaume Garot.
Jean-Luc Mélenchon défend son député
Interrogé sur BFMTV, le leader LFI Jean-Luc Mélenchon a balayé les critiques : "Vous êtes en train de relayer la propagande d'Aurore Bergé et du groupe Renaissance, pour faire croire que c'est un acte de violence", a-t-il dit aux journalistes. "Il y a des jeux de chamboule-tout toutes les semaines dans notre pays (...) Vous venez nous saouler avec une histoire de ballon, vous êtes ridicules (...) C'est grotesque".
La polémique a lieu alors que l'Assemblée examine depuis lundi le très contesté projet gouvernemental de réforme des retraites, dans une ambiance tumultueuse.