"La nouvelle droite sera unie dans sa ligne européenne", a assuré jeudi dans un entretien aux Échos le président des Républicains Laurent Wauquiez, avant le Conseil national de LR consacré à l'Europe samedi à Menton, dans les Alpes-Maritimes. "Contrairement à ce que voudraient faire croire quelques voix de plus en plus marginales, les esprits ont beaucoup évolué. Plus personne à LR ne songerait à porter la parole d'un fédéralisme naïf, pas plus que celle d'un isolationnisme souverainiste. La nouvelle droite sera unie dans sa ligne européenne", a assuré Laurent Wauquiez.
Deux anciens Premiers ministres méfiants. "Je comprends très bien qu'il soit difficile pour Alain Juppé et Jean-Pierre Raffarin de voir que la construction de l'Europe que leur génération a portée n'arrive plus à faire la démonstration de son efficacité et à parler aux peuples. Mais mon devoir, c'est de ne pas en rester à ce constat d'échec en tirant les leçons de ce désenchantement", a également déclaré le patron de LR. Les deux anciens Premiers ministres ont tous deux expliqué conditionner leur maintien au sein de LR à la ligne retenue pour les élections européennes.
"Mettre en oeuvre la préférence communautaire". S'il estime que "les priorités ne sont plus" à une refonte institutionnelle, Laurent Wauquiez n'a "pas changé de conviction" sur sa volonté d'une Europe organisée en cercles concentriques, une idée critiquée par Valérie Pécresse. "L'Europe des cercles existe déjà, les 27 pays ne sont pas tous dans la zone euro ni dans Schengen. Valérie Pécresse juge-t-elle que l'euro est un projet irréalisable et dangereux ? Arrêtons de créer artificiellement des différences entre nous". Le président d'Auvergne-Rhône-Alpes prône "l'arrêt de tout élargissement, tant il a miné l'Europe de l'intérieur". Il veut ensuite "faire de la réciprocité le principe fondateur de notre politique commerciale. Et mettre en oeuvre la préférence communautaire pour réserver la préférence à nos propres entreprises sur un certain nombre de marchés publics".
Le poids du couple franco-allemand remis en cause. "Je ne crois pas à la capacité du couple franco-allemand à imposer seul sa volonté sur la scène européenne", a-t-il par ailleurs déclaré, interrogé sur le budget de la zone euro dont le principe a été annoncé par Emmanuel Macron et Angela Merkel. Enfin, "il faut faire un grand soir des compétences et tout remettre à plat. Il y a des domaines où il faut rendre des compétences aux États-membres". "Il faut aussi revenir sur le fait de donner toutes les clés des négociations commerciales à la Commission européenne. Notre rôle est de défendre les intérêts français".
L"aveuglement" de Macron sur la "crise migratoire"
Laurent Wauquiez a reproché à Emmanuel Macron son "aveuglement" sur la "crise migratoire", et prône de "reconduire systématiquement dans leurs ports de départ les embarcations de migrants". "Déjà il faut reconnaître qu'il y a une crise migratoire, et ne pas être dans le déni comme Emmanuel Macron qui explique que ce n'est qu'une crise politique. Il est dans l'aveuglement", a répondu le président de LR. "Les deux priorités sont d'arrêter la vague migratoire de masse - en conditionnant notamment une aide plus vigoureuse au développement de l'Afrique à une politique de lutte, dans les différents pays, contre le départ d'une immigration clandestine et illégale à destination de l'Europe - et de retrouver une stratégie économique et industrielle permettant de jouer le rapport de force sur la scène mondiale", a jugé Laurent Wauquiez.