Emmanuel Macron espère-t-il que la victoire des Bleus en finale de Coupe du monde dimanche lui permette de grappiller quelques points de popularité ? Selon une croyance bien ancrée, les résultats de l'Équipe de France profiteraient aux dirigeants politiques. Pourtant, à y regarder de plus près, il est faux de parler d'un "effet mondial".
L'exception 1998. "En réalité, tout le monde garde en tête ce qui s'est passé pour Jacques Chirac en 1998", analyse Frédéric Dabi, directeur général adjoint de l'Ifop. À l'époque en effet, le président de la République avait pris 18 points supplémentaires de popularité entre les mois de mai et d'août. Le temps, pour Zidane et ses coéquipiers, d'accrocher la première étoile sur le maillot bleu. De là vient cette idée que le foot profite aux politiques. Mais comme le rappelle Frédéric Dabi, le contexte était très particulier. "D'abord, la Coupe du monde avait lieu en France. Et puis surtout, nous étions en période de cohabitation. Le président n'était donc jugé que sur les questions purement régaliennes, tandis que le Premier ministre, lui, était plus comptable de la politique menée." Et Lionel Jospin, lui, n'avait pas bénéficié d'une envolée sondagière.
Hormis pour Jacques Chirac en 1998, les performances des #Bleus n'ont pas eu d'influence majeure sur la popularité des présidents de la République. ⚽️ #BleusEnFinale#Mondial2018#football#Politique
— Ifop Opinion (@IfopOpinion) 11 juillet 2018
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La victoire ne rapporte pas... Par ailleurs, ce bond dans les enquêtes d'opinion n'a été que de courte durée. Deux ans plus tard, pourtant, les Bleus gagnaient aussi l'Euro de football. Mais Jacques Chirac, lui, perdait quelques points de popularité, toujours selon les chiffres de l'Ifop.
Un coup d'œil plus précis dans le rétroviseur permet d'ailleurs de bien mesurer que 1998 a été une exception. En 1984, l'Équipe de France s'impose à l'Euro. La cote de popularité de François Mitterrand, elle, se contente de frémir légèrement, avec +2 points entre mai et août.
…la défaite ne plombe pas non plus. Quid, alors, des échecs ? Là non plus, aucune corrélation claire n'existe avec la popularité des politiques. En 2006, la défaite en finale de la Coupe du Monde face à l'Italie n'empêche pas Jacques Chirac, qui ne se représente pas l'année suivante, de grimper dans les enquêtes d'opinion. Nicolas Sarkozy, lui non plus, n'a pas eu à souffrir du fiasco de Knysna en 2010. En 2016, François Hollande est resté à un niveau de popularité historiquement bas, ne bénéficiant pas du beau parcours des Bleus jusqu'en finale, mais ne pâtissant pas non plus de leur défaite face au Portugal.
"Les Français savent parfaitement faire la part des choses", conclut Frédéric Dabi. "Certes, la victoire a un effet sur le moral et il peut y avoir une petite parenthèse enchantée. Par définition, une parenthèse ne dure pas."