Trou de la Sécurité sociale oblige, le gouvernement a préparé une nouvelle liste de médicaments dont le taux de remboursement va passer de 35% à 15%. Ces 200 médicaments, qui sont jugés peu efficaces par la Haute Autorité de santé, seront donc moins bien remboursés par la Sécurité sociale à compter du mois d’avril, comme l’a révélé Les Echos.
Ce déremboursement avait été annoncé en septembre 2009. Seule une centaine de médicaments semblaient alors concernés. Le ministre du Budget Eric Woerth avait alors prévenu que "la question du taux de remboursement est posée" pour tous "les médicaments dont l'efficacité médicale n'est pas prouvée".
Les médicaments de confort dans le collimateur
Le nombre de produits concernés est donc bien plus important que prévu, la liste définitive sera publiée au Journal officiel à partir du mois d’avril. Tous ces médicaments ont été jugés peu efficaces ou "de confort" par la Haute Autorité de santé.
Plusieurs produits très courants figurent dans cette liste et vont concerner beaucoup de patients : la Bétadine, le Gaviscon, le Zovirax, l’Hexomédine, le Valium, le Xolaam ou encore le Profenid. Des médicaments pour traiter le rhume sont également inscrits sur cette liste : le Rhinofluimicil, le Rhinureflex, le Derinox, le Toplexil.
Une décision difficile à expliquer aux patients
"Dérembourser un spray pour le nez, c’est un choix que je veux bien comprendre. Mais il y a des choses sur cette liste qui sont assez étonnantes : le Myolastan par exemple est un médicament important en thérapie", explique à Europe1.fr Philippe Gaertner, président de la fédération des syndicats pharmaceutique de France.
"Les pouvoirs publics sous-estiment que les pharmaciens vont devoir expliquer ce déremboursement. Beaucoup de personnes âgées sont concernées, avec des produits qui sont courants pour eux et font partie d’un traitement de fond, comme le Tanakan. Ca va être une grosse surprise pour les personnes concernées par une pathologie chronique et de fond", ajoute-t-il.
Surcoût pour les patients, économie limitée pour l’Etat ?
Le gouvernement espère économiser environ 145 millions d'euros en 2010, selon le journal Les Echos. Quelques produits vont représenter à eux seuls une bonne partie des économies réalisées : le Tanakan (un oxygénateur cérébral), l’ART et le Chondrosulf (des régénérateurs de cartilage pour traiter l'arthrose).
Mais la majorité des produits concernés sont déjà peu remboursés, ce qui limite les économies prévues. De plus, les prescriptions médicales vont s’adapter à cette nouvelle donne : "C’est toujours la même question lorsqu’un déremboursement est prévu, on assiste à un transfert des prescriptions : Sur certaines catégories de produits, les traitements vont migrer vers d’autres médicaments encore remboursés", prévient Philippe Gaertner.