Un couple sur cinq en France rencontre des difficultés à avoir un enfant. Et contrairement à ce que l'on imagine, 50% des problèmes d'infertilité viennent du sexe masculin. Un sujet à la fois tabou et sensible car il renvoie à la virilité. Dans ce contexte, le premier autotest de fertilité destiné aux hommes est lancé mardi en pharmacie. Mais cela ne veut pas dire pour autant que tous les hommes vont pouvoir évaluer leur fertilité tout seul à la maison. Le test présente en effet quelques limites selon les spécialistes.
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La norme des 15 millions de spermatozoïdes. Ce test fonctionne à peu près comme un test de grossesse. Grâce à un échantillon de sperme, il vous indique si la concentration de spermatozoïdes est normale ou faible. Si deux traits s'affichent, il n'y a, a priori, pas d'inquiétude à avoir, le sperme testé comprend en effet au moins 15 millions de spermatozoïdes par millilitre, un taux normal d'après l'Organisation mondiale de la Santé. S'il n'y a qu'un trait, c'est que le nombre de spermatozoïdes est trop faible, par rapport à la moyenne fixée par l'OMS.
"C'est beaucoup plus rassurant". Pour Laetitia Poisson, présidente de l'association de couples infertiles MAIA, l'arrivée de ce test répond à une vraie demande. "Faire un spermogramme, ce n'est pas toujours facile. Pour un homme, ce genre de problème touche à sa virilité, contrairement à une femme, qui se sentira quand même femme, même si elle n'est pas maman. Le fait de le faire à domicile, c'est beaucoup plus rassurant, ils sont chez eux et c'est beaucoup plus facile", estime Laetitia Poisson.
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"Des couples faussement rassurés". Mais ce test ne mesure que le nombre de spermatozoïdes, ce qui est loin d'être le seul critère de fertilité masculine. Pour Patrice Clément, biologiste de la procréation, les résultats pourraient donc faussement inquiéter, ou au contraire faussement rassurer certains hommes.
"On peut tout à fait avoir un nombre de spermatozoïdes normal, avec une chance de fécondation très faible, parce qu'ils sont tous immobiles. A l'inverse, on peut avoir un sperme, avec un nombre de spermatozoïdes assez faible, mais très mobiles et qui peuvent éventuellement féconder un ovocyte avec lequel on peut avoir une grossesse. Si les couples, qui sont faussement rassurés par ce test, attendent six mois, voire un an, ça sera une catastrophe. Et il y aura une perte de chances", estime le spécialiste au micro d'Europe 1.
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Cet autotest est vendu en pharmacie et sur Internet une trentaine d'euros, non remboursé par l'assurance maladie. Alors qu'un spermogramme complet en laboratoire coûte 29 euros, pris en charge par la Sécurité sociale.