Les soignants attendent avec vigilance les mesures du Ségur de la santé. Ce plan du gouvernement, qui doit être dévoilé lundi, prévoit davantage de moyens donnés à l'hôpital et surtout la tant attendue revalorisation des carrières. Parmi les professions les plus précaires, les aide-soignants comme Jennifer, qui travaille à l'hôpital parisien de La Pitié-Salpêtrière. Comme elle, tous sacrifient beaucoup de leur vie pour leur métier, pour une rémunération jugée trop faible.
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Des journées à rallonge et sans faire de pause
"On est capable de ne pas faire pipi pendant sept heures parce qu'on n'a pas le temps. L'hôpital est devenu une usine, il faut faire du chiffre tout le temps" dénonce Jennifer en évoquant les cadences infernales qui rythment ses journées.
En dix ans, elle a vu les conditions de son métier d'aide-soignante se dégrader, et la crise du coronavirus n'a rien arrangé : journées de travail à rallonge, réveil à quatre heures du matin, un week-end sur deux au travail, des fêtes de familles manquées... Autant de sacrifices que l'aide-soignante ne considère pas suffisamment pris en compte, notamment au niveau de sa rémunération : 1.600 euros nets par mois.
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"Il n'y a plus aucune fierté de dire : je travaille à l'assistance publique"
Un montant clairement insuffisant pour Jennifer : "Ça fait mal, je donne de ma personne au quotidien. J'aime mon métier mais on a des factures à payer, des enfants à élever et quasiment tous les mois on est à découvert de 300 à 400 euros". Une situation qui décourage les jeunes aide-soignants. Et Jennifer le comprend, car selon elle, "aujourd'hui, il n'y a plus aucune fierté de dire : je travaille à l'assistance publique".
"On n'y arrive plus"
Une désillusion qui conduit ses collègues vers le privé "au bout de six mois", voire "un an". "Forcément, quand vous dites que vous allez faire tel rythme de travail et que vous serez payé tant, même avec toute la volonté du monde, ça vous envoie pas du rêve."
Une situation qui rend d'autant plus nombreuses les attentes vis-à-vis du "Ségur de la santé" et des annonces du gouvernement. "Il y a urgence, on a su trouver la force de prendre sur nous, de nous battre face à la situation. Ce qu'il ne faut surtout pas, c'est qu'on redevienne l'hôpital d'avant", affirme Jennifer. Et la raison est simple, si les soignants restent sur le pied de guerre face à la crise, "aujourd'hui [ils] n'y arrivent plus".