À l'occasion de la journée mondiale de sensibilisation au syndrome d'alcoolisation fœtale, les autorités sanitaires de l'Agence Santé publique France lancent vendredi une importante campagne d'information autour du message : "Zéro alcool pendant le grossesse". Un réflexe qui a encore du mal à être adopté dans notre pays, car le risque lié à la consommation d'alcool est encore très flou dans l'esprit des gens. Les données de la dernière enquête réalisée sur le sujet montrent bien que le danger, réel pour les bébés, est plutôt banalisé par les Français.
Un message qui n'est pas passé. 40% des Français sont toujours persuadés qu'une femme enceinte prend des risques seulement si elle boit de l'alcool tous les jours, ou alors "si elle prend une cuite". Alors que sur toutes les bouteilles d'alcool, on peut voir depuis 10 ans un petit logo avec une femme enceinte barrée, le message ne semble toujours pas être passé. Il suffit d’interroger des passants dans la rue pour sonder l’étendue des lacunes sur le sujet : "Trois ou quatre verres par semaines, ça ne devrait pas faire de mal au bébé ou à la mère". "J’ai des copines qui se permettent un verre d’alcool en se disant que ça n’aura pas de conséquences sur le fœtus". "Un verre par jour c’est bien pour le sang, pour le bébé…".
Des problèmes apparus après la naissance. Et pourtant, les risques sont bien réels, comme en témoigne Delphine*, 35 ans. Lors de sa première grossesse, il y a 10 ans, la jeune femme avait un problème d'alcool et n'a été aidée qu’au bout de son troisième mois de grossesse. À la naissance, son fils était en bonne santé, mais plus tard des problèmes liés à l'alcool sont apparus : "À l’âge de quatre ou cinq ans j’ai commencé à m’apercevoir qu’il avait des difficultés d’attention, d’apprentissage, et qu’il était plus petit que les autres. Je suis persuadée, je suis même convaincue d’être responsable des troubles qu’il a aujourd’hui".
Principe de précaution. En vérité, les experts sont incapables de définir une dose d’alcool sûre à 100% pour la femme enceinte, et d’autant plus qu’il est impossible de prévoir les conséquences. Le principe de précaution impose donc le zéro alcool pendant la grossesse.
*Le prénom a été changé, ndlr.