En France, près d’une personne sur cinq a souffert ou souffrira de dépression au cours de sa vie, selon les statistiques de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale. Ce moment particulièrement difficile peut conduire à la prise de psychotropes. Xanax, Lexomil, Prosac, Valium, Tranxen… les noms des médicaments utilisés pour traiter ce type de trouble sont connus, mais tous n’appartiennent pas à la même famille et, surtout, n’agissent pas sur les symptômes de la même manière, ni avec les mêmes effets secondaires. Invité mardi de Wendy Bouchard dans Le Tour de la question sur Europe 1, Antoine Pelissolo, chef du service de psychiatrie à l'hôpital Henri-Mondor de Créteil, évoque les trois grandes catégories de psychotropes :
Les anxiolytiques
Les anxiolytiques sont utilisés pour traiter les différentes manifestations de l’anxiété. Ils ont donc des effets plutôt symptomatiques de calmant. Toutefois, ils présentent un risque d‘accoutumance. "Il est difficile de parler d’addiction, c’est plutôt un phénomène de dépendance, avec des difficultés à arrêter et surtout une perte d’efficacité", explique Antoine Pelissolo. Et d'autant que ces médicaments agissent généralement rapidement sur l’anxiété, avant que leurs effets ne s'amenuisent au fil des prises. "On sait qu’au bout de plusieurs mois, les anxiolytiques ne servent plus à grand-chose".
Ils sont donc généralement prescrits pour gérer une situation de crise aiguë, face à laquelle un accompagnement psychologique risquerait d’apporter une solution trop tardive. "Dans ce cas, les anxiolytiques sont une bonne option, mais il faut prévenir le patient que c’est une option à court terme", insiste notre spécialiste.
>> De 9h à 11h, c’est le tour de la question avec Wendy Bouchard. Retrouvez le replay de l’émission ici
Les antidépresseurs
À l’inverse des anxiolytiques, les antidépresseurs ont des effets de traitement de fond. Ils ont un rôle de stimulant et agissent sur l'humeur du patient. Antoine Pelissolo veut balayer les nombreux préjugés qui collent à cette famille de psychotropes. "On a beaucoup de mal à convaincre certaines personnes souffrant de dépression sévère de prendre un traitement à base d’antidépresseurs quand on pense que c’est nécessaire", déplore-t-il. "Il y a souvent des réticences, pour des raisons d’image et de connaissances un peu floues."
"Les antidépresseurs sauf, extrême exception, ne posent pas de problème de dépendance. On peut les arrêter quand on pense que c’est le moment, avec un encadrement médical", insiste Antoine Pelissolo. Il tient également à relativiser les effets sédatifs que peuvent avoir ces médicaments, et qui varient selon les patients. "Ça n’est pas très grave. On peut, au bout de deux ou trois jours, changer la dose. […] Il n’y a pas à craindre d’être transformé. […] Le but, c’est de se retrouver comme on est d’habitude."
Les neuroleptiques
Également appelés "antispychotiques", les neuroleptiques sont utilisés pour traiter certaines affections psychiatriques bien déterminées chez le patient, plutôt qu’un état général de dépression ou d’anxiété. "Ils servent à traiter les psychoses. Il s’agit surtout de la schizophrénie", explique Antoine Pelissolo.
Les neuroléptiques les plus courants aujourd’hui sont le Zyprexa, le Risperdal et l’Abilify. Leur prescription s’accompagne d’une prise en charge psychiatrique au long court. "Il y a un rapport bénéfice/risque qui est positif, c’est-a-dire que ces médicaments traitent vraiment la maladie mais avec un encadrement médical important, car il y a pas mal d’effets secondaires à surveiller, tels que les prises de poids et le diabète", nuance cependant notre spécialiste.