L'arnaque est simple : obtenir des médicaments remboursés pour les revendre à l'étranger. Une arnaque d'autant plus grave qu'elle concerne des traitements contre le cancer qui manquent déjà dans les officines françaises. En mai dernier, 14 de ces trafiquants ont été condamnés à Mulhouse. Ils avaient détourné 700.000 euros de médicaments avec une méthode bien rodée.
Des ordonnances factices réalisées à la perfection
Ce sont de jeunes adultes, appâtés par de grosses sommes d'argent, démarchés sur le réseau social Snapchat. Les trafiquants leur proposent 1.000 euros pour aller chercher des médicaments en pharmacie avec de fausses ordonnances. Ces ordonnances factices sont réalisées à la perfection : signature de cancérologues reconnus, en-tête d'hôpitaux, tout y est.
Des médicaments revendus plusieurs milliers d'euros
La seule condition pour participer à ce trafic est d'être en possession d'une carte Vitale. Une fois récupérés, ces médicaments anti-cancer sont revendus plusieurs milliers d'euros à l'étranger. Le trafic d'ordonnances est un délit connu, mais contre le cancer, c'est inédit comme l'explique Alain Delgutte du Conseil national de l'Ordre des pharmaciens français. "On l'avait observé il y a déjà quelques années, à l'époque où la codéine est passée sur ordonnance et maintenant, on passe à autre chose. Depuis à peu près deux ans, on voit ça, des médicaments anticancéreux, donc des médicaments souvent très chers."
Les professionnels de santé craignent une pénurie de médicaments anti-cancer et proposent une solution : la e-prescription, des ordonnances conservées sur un serveur sécurisé avec un QR code. Quant aux trafiquants, ils s'exposent à une amende de 750.000 euros et jusqu'à sept ans d'emprisonnement.