"On a eu des enfants hospitalisés en gynécologie faute de lits", s'indigne Antoinette Perlat, cheffe de médecine interne au Centre hospitalier universitaire (CHU) de Rennes. Cette plainte, comme de nombreuses autres, provient d'un personnel hospitalier à bout de souffle depuis des mois. La grève du secteur hospitalier n'y a rien changé, ou presque. A tel point que mardi, un millier de médecins dont 600 chefs de service ont démissionné de leurs fonctions administratives. Vendredi dernier, un chef de service à l'hôpital Saint-Antoine à Paris expliquait déjà, sur Europe 1, pourquoi lui et ses confrères menaçaient de remettre leur lettre de démission à la ministre de la Santé. Ils sont donc passés à exécution.
Les absences, les congés, les jours de garde... toute la gestion est laissée à la hiérarchie. Fini, les réunions sur le financement de l'hôpital, les discussions avec la direction ou l'Agence régionale de santé (ARS). Les chefs de service gardent leur blouse de médecin - ils continuent de recevoir et de soigner les patients - mais quittent celle de médiateur.
Réponse insuffisante de la ministre de la Santé
Agnès Buzyn, la ministre de la Santé, qui a reçu mardi cette lettre de démission collective, a tenté de désamorcer la crise à plusieurs reprises, mettant en place des mesures pour désamorcer la crise ou promettant des investissements. Insuffisant, répondent les démissionnaires. "On attend vraiment qu'Agnès Buzyn se ressaisisse", explique le chef du service rhumatologie à l'hôpital du Kremlin-Bicêtre à Paris, qui estime que la ministre "doit absolument relever la tête" et surtout "résister aux injonctions de Bercy".
"C'est une grande tristesse et une grande émotion de devoir alerter nos gouvernants en effectuant ce geste", dit encore ce chef de service. Ses pairs et lui-même dénoncent le manque de moyens et de matériel et ce partout en France et dans tous les services. Démissionner de ses fonctions administratives, c'est une manière de sauver l'hôpital public selon une autre démissionnaire, la cheffe de médecine interne au CHU de Rennes. Elle estime que les médecins "sont vraiment arrivés à un point de rupture".