Et si allumer sa gazinière pour faire chauffer votre plat, était nocif pour la santé de vos enfants ? Alors que plus d’un tiers des foyers en France font leur cuisine en étant branchés sur le gaz selon l’association Respire, une étude révèle que ce mode de cuisson serait responsable d’environ 12% des cas d’asthme infantile en Europe. En cause, l’exposition au dioxyde d’azote (NO2) émis lors de la cuisson au gaz, qui peut déclencher ou aggraver l’asthme.
On sait depuis longtemps que "les cuisinières au gaz sont un facteur de risque d’apparition de l’asthme notamment chez les femmes, qui sont plus souvent les cuisinières de leur foyer", précise la pneumo-pédiatre Jocelyne Just au micro d'Europe 1. Pas étonnant donc pour cette dernière, que ces nouvelles études mettent en lumière un potentiel lien entre asthme infantile et cuisson au gaz. "Les polluants émis par le gaz, comme le dioxyde, irritent les voies aériennes et provoquent une hyperréactivité des bronches qui va déclencher l’asthme" précise le docteur.
"10 à 15% des enfants touchés"
Les plus jeunes y sont particulièrement sensibles : "L’enfant, c’est un organisme en développement, ces organes sont immatures, et s'il est régulièrement exposé à des sources de combustion comme le four, par exemple", il peut rencontrer des difficultés respiratoires dans le futur, détaille la pneumo-pédiatre. "Plus on est jeune, plus on est petit, du fœtus au nouveau-né, du nourrisson à l’enfant et à l’adolescent, plus on est vulnérable et susceptible de développer de l’asthme". Des révélations importantes alors qu'en France, "l’asthme touche 10 à 15% des enfants", complète le docteur Jocelyn Just.
Les résultats de la récente étude réalisée par l’Organisation pour la recherche scientifique appliquée aux Pays-Bas (TNO) montrent que la cuisson au gaz émet des niveaux de pollution hebdomadaires supérieurs aux recommandations de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), soit 25 microgrammes/m3.
Choc culturel
Cinq jours sur sept, nos cuisines contiendraient des niveaux de dioxyde dépassant ce seuil. Et ce, indépendamment du mode et de la durée de cuisson, ou du type de logements, alerte Tony Renucci, directeur général de Respire, ONG qui relaie l’étude. "Très peu de gens savent que la cuisine au gaz est source de pollution et que cela peut être dangereux pour leur santé et celle de leurs enfants. C’est aussi un choc culturel. La cuisine au gaz est très appréciée en France, largement mise à l’honneur dans les émissions culinaires à la télévision. Ça remet un peu en question notre modèle de vie et de consommation", explique-t-il.
Pour conforter cette étude, une expérimentation va être menée dans 280 cuisines européennes, dont 40 en France, constituées d’au moins un enfant par foyer. 32 cuisines au gaz et 8 cuisines à l’électricité pour pouvoir comparer. Les résultats sont attendus à l’été 2023.