Le fait d'augmenter le bon cholestérol (HDL) n'a absolument aucun effet protecteur contre des accidents cardiovasculaires, montrent les résultats d'un vaste essai clinique publiés ce week-end qui laissent les cardiologues dubitatifs.
L'étude s'est concentrée sur une molécule appelée "evacetrapib", des laboratoires Eli Lilly, qui permet de faire monter le bon cholestérol de 130% tout en abaissant le mauvais cholestérol (LDL) de 37%. Mais ce médicament, présenté un moment comme potentiellement miracle, n'a absolument pas réduit les risques d'infarctus, d'accident vasculaire cérébral, d'angine de poitrine ou le nombre de décès qui résultent de ces problèmes.
Essai clinique arrêté en octobre. Les effets favorables de cette molécule sur le cholestérol ne se sont traduits par aucune réduction des événements cardiovasculaires, le principal objectif de l'essai clinique, ont résumé les chercheurs en présentant les résultats détaillés dimanche à la conférence annuelle de l'American College of Cardiology (ACC), réunie à Chicago jusqu'à lundi.
L'essai clinique de phase 3, rassemblant plus de 12.000 participants qui présentaient un risque cardiaque élevé, avait été arrêté en octobre 2015. L'evacetrapib marque le troisième échec de cette classe de médicaments pour doper le bon cholestérol en neutralisant un processus naturel qui le convertit en mauvais cholestérol dans l'organisme.
Difficile de faire mieux que les statines ? Ces résultats pourraient en fait remettre complètement en question l'idée conventionnelle selon laquelle un taux élevé de bon cholestérol a des effets protecteurs pour le système cardiovasculaire. Une autre explication possible avancée est que les statines, les anti-cholestérol vedettes depuis trente ans, sont tellement efficaces pour réduire le LDL qu'il est difficile de faire beaucoup mieux chez des patients présentant un risque cardiovasculaire élevé.
Enfin, selon une autre hypothèse, l'evacetrapib pourrait agir sur un mécanisme biologique qui n'a aucun effet sur le risque cardiovasculaire. Les pathologies cardiovasculaires sont la première cause de mortalité dans le monde avec 18 millions de décès par an, selon l'Organisation Mondiale de la Santé.