On a tous en tête les recommandations officielles sur l'alcool : trois verres par jour pour les hommes, deux pour les femmes. Eh bien, ça, c'est fini. Un groupe d'experts de l'agence Santé Publique France et de l'Institut national contre le cancer vient de remettre son avis. Ils préconisent de nouveaux repères, bien inférieurs à ce qui était recommandé jusque-là.
Des jours d'abstinence pendant la semaine. En effet, toutes les études prouvent que ce n'est pas l'abus d'alcool qui est dangereux pour la santé, mais sa consommation, même faible. Pour la première fois, ces experts ont défini où se situait la modération. Il ne faudrait pas excéder dix verres par semaine pour les hommes, comme pour les femmes, soit un verre et demi par jour. Selon les spécialistes, il y aurait encore mieux : deux verres par jour pendant cinq jours, suivis de deux journées d'abstinence. Aujourd'hui, la France est l'un des plus grands consommateurs d'alcool au monde (6e au classement des pays de l'OCDE). En moyenne, les Français boivent 2,6 verres d'alcool par jour.
Un risque existant mais moins important. Mais attention ! Boire dix verres par semaine ne signifie pas que cela reste sans danger pour la santé. Le risque est seulement moins important. "Il ne s'agit pas de définir des seuils, avec des injonctions 'buvez comme ci, buvez comme ça'", assure Pierre Ducimetière, le président du comité d'experts. "En fait, nous éclairons la population sur le fait que si elle boit plus, elle prend plus de risque que ce qui peut être considéré comme acceptable", explique-t-il.
Commencer à boire le plus tard possible. Pour les femmes enceintes, les experts préconisent une abstinence totale tout au long de la grossesse. Pour les jeunes, pour qui les risques avec l'alcool sont démultipliés (accidents de voiture, violences, etc), le rapport préconise de commencer à boire le plus tard possible.
Etre pragmatique. Pour l'addictologue Jean-Pierre Couteron, interrogé sur Europe 1 vendredi, ces nouvelles recommandations permettent de proposer "une limite atteignable" à "un certain nombre de personnes qui ne feront pas le sacrifice de l'alcool". "Dans une société comme la nôtre, penser qu’on aura un degré 0 de consommation, c’est une utopie. Et parfois, les utopies sont plus dangereuses que les mauvaises idées. Il faut donc être pragmatiques", recommande le médecin.