Le géant pharmaceutique américain Pfizer, qui a dégagé des résultats records en 2022 grâce à son vaccin et son traitement anti-Covid mais cherche à se diversifier, va racheter pour 43 milliards de dollars la biotech Seagen, spécialisée dans les traitements oncologiques. "Pfizer déploie ses ressources financières pour avancer dans la lutte contre le cancer", explique le PDG de Pfizer, Albert Bourla, cité dans un communiqué. Seagen est en pleine croissance, prévoyant un bond de 12% de son chiffre d'affaires en 2023, à 2,2 milliards de dollars avec quatre traitements déjà approuvés par les autorités américaines.
L'opération de rachat a été approuvée par les conseils d'administration des deux groupes. Elle doit cependant encore obtenir le feu vert des autorités de la concurrence qui, sous l'autorité du président Joe Biden, se sont musclées face aux opérations de fusion-acquisition pouvant, selon elles, réduire la compétition et ainsi nuire aux consommateurs.
31 milliards de dollars de bénéfices avec les ventes du vaccin anti-Covid
Pfizer propose 229 dollars par action en numéraire, soit une valorisation de 43 milliards de dollars pour Seagen. Le groupe pharmaceutique va financer la transaction en s'endettant et en piochant dans sa trésorerie. Il espère boucler le rachat fin 2023 ou début 2024 une fois obtenus les différents feux verts réglementaires et des actionnaires de Seagen.
Pfizer a nettement profité au cours des deux dernières années des ventes de son vaccin anti-Covid Comirnaty développé avec le laboratoire allemand BioNTech et de sa pilule anti-Covid Paxlovid. Il a ainsi dégagé en 2022 un chiffre d'affaires de 100 milliards de dollars et un bénéfice net de 31 milliards de dollars.
Mais le groupe a déjà prévenu que cette manne financière aller se tarir, prévoyant notamment que les ventes de Comirnaty allaient baisser de 64% cette année et celles de Paxlovid de 58%. Albert Bourla souligne depuis plusieurs mois que le groupe compte sur le lancement de nouveaux produits ou sur de nouvelles indications pour ses médicaments existants pour prendre le relais.
Il avait aussi évoqué en janvier lors du Forum économique mondial à Davos les opportunités d'investissement pour les grands laboratoires disposant de ressources suffisantes dans des sociétés de biotechnologies qui, avec la hausse des taux d'intérêt, commencent à rencontrer des difficultés de financement.
Merck également intéressé
Seagen a développé des thérapies ciblées, avec l'objectif de viser les cellules cancéreuses avec plus de précisions, diminuant ainsi les effets secondaires, une technologie prometteuse. Un autre géant pharmaceutique, Merck, avait déjà discuté l'an dernier de la possibilité de racheter la biotech pour renforcer son portefeuille de médicaments anticancéreux, actuellement dominé par son blockbuster Keytruda. "L'oncologie reste le principal moteur de croissance de la médecine dans le monde, et cette acquisition renforcera la position de Pfizer dans cet espace important et contribuera de manière significative à la réalisation des objectifs financiers de Pfizer à court et à long terme", a affirmé Albert Bourla lundi.
Les traitements contre le cancer actuellement commercialisés par Pfizer, notamment contre les cancers du sein et de la prostate, ont généré 12,1 milliards de dollars de chiffres d'affaires en 2022. Le groupe estime que l'acquisition de Seagen lui permettra de doubler le nombre de médicaments oncologiques dans son portefeuille de développement et que Seagen pourrait contribuer à son chiffre d'affaires à hauteur de 10 milliards de dollars en 2030.
L'action de Pfizer prenait 0,81% à 39,71 dollars à l'ouverture de la Bourse de New York lundi dans un marché chamboulé par les remous des banques. Celle de Seagen grimpait de 15,29% à 199 dollars.