"Les questions vous sortent de l'état de faiblesse dans lequel l'annonce du cancer vous a plongé", écrivent les docteurs Nicole et Gérard Delépine, dans un ouvrage à paraître mercredi. Le livre, "Cancer, les bonnes questions à poser à votre médecin" (éditions Michalon), liste une série d'interrogations primordiales à poser après l'annonce d'un cancer. Interrogations auxquelles les patients ne pensent pas toujours, ou qu'ils n'osent pas toujours formuler à voix haute, quitte à biaiser la relation avec le médecin. Car au-delà des réponses qu'elles vous apportent, les questions contribuent à "établir une meilleure relation 'adulte' responsable avec le cancérologue", capitale pour qu'il vous respecte "comme personne et non comme objet d'étude".
>> Quelles sont ces questions ? Europe 1 vous en a sélectionné quelques-unes, parmi la longue liste abordée par l'ouvrage (le livre ne fait pas de hiérarchie d'importance entre les questions).
Ne puis-je pas être opéré tout de suite ? "Certaines questions peuvent sauver des vies", insiste Nicole Delépine, contactée par Europe 1. Dont une, particulièrement importante aux yeux de cette oncologue : "Allez voir un chirurgien, d'emblée, dès l'annonce du diagnostic, et demandez-lui si vous pouvez être opéré tout de suite. Parfois, une petite opération locale peut se passer de chimio ou de traitement si la tumeur n'est pas encore très grosse. Mais seul un vrai contact, rapidement, avec un chirurgien permettra d'en être certain. Et beaucoup de patients oublient encore de questionner les chirurgiens tout de suite, ou sont mal aiguillés".
Pour tous les cancers : bien questionner le traitement. L'ouvrage insiste aussi beaucoup sur la nécessite de bien réfléchir avant d'accepter un traitement, d'où la pertinence de poser toutes les questions possibles à ce sujet. Parmi les plus judicieuses : "Pourquoi me prescrivez-vous cette molécule ou cette association de médicament ?", "l'avez-vous déjà utilisé pour d'autres malades", "avaient-ils la même maladie que moi?", "qui a décidé du traitement que vous me proposez", "quels effets secondaires avez-vous déjà déplorés?", "pourquoi ne me donnez-vous pas des anciens traitements?" ou encore "essayez-vous un nouveau traitement sur moi ?"
" Je reçois 25 questions par mail par semaine "
Avant d'accepter un traitement, "vous avez le droit à un délai […]. Sauf exception (insuffisance respiratoire ou occlusion intestinale par exemple), il n'y a jamais d'urgence à deux heures près, ni même à quelques jours", rappellent les auteurs. Autre question importante en matière de traitement : "quels résultats à long terme avez-vous constatés ?" "Si l'oncologue vous répond : 'j'ai un patient vivant après sept ans' (de cancer), demandez bien ce que sont devenus les autres. C'est suspect si on ne vous parle que d'un cas !", insiste l'ouvrage.
Sur les effets secondaires, ne vous contentez pas de la réponse "rituelle" : "thérapie bien tolérée". N'hésitez pas à questionner votre médecin sur "la vraie vie" de ses patients ou anciens patients : ont-ils fait de l'hypertension, des malaises, voire un AVC ou contracté une jaunisse ?
Poumons, prostate, reins, seins : des questions au cas par cas. L'ouvrage personnalise aussi les questions à poser en fonction des différents types de cancers, et notamment les plus répandus. En vrac, parmi les questions à poser : "Quels sont les différents stades du cancer du poumon ou du rein?", "faut-il vraiment faire une biopsie en cas de cancers de la prostate ?" ou encore "qu'enlève-t-on quand on fait une ablation des deux seins ?" Pour chaque cancer, Nicole et Gérard Delépine prennent également les différents traitements existants ou à l'étude, pour en donner un panorama complet avant la confrontation avec le docteur.
"Cela se base sur les questions de mes patients. J'en reçois 25 par mails toutes les semaines. Mais souvent, ils y pensent très tard", raconte Nicole Delépine. Et de conclure : "aujourd'hui, beaucoup de médecins sont à deux doigts du 'burn out'. Certains se battent, d'autres sont parfois tentés de baisser les bras et les patients peuvent manquer d'informations. D'où la nécessité de penser aux bonnes questions, et d'oser les poser."