Canicule aux urgences : "il n'y a pas de défaut de prise en charge", assure Patrick Pelloux

Patrick Pelloux sur Europe 1.
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Grégoire Martinez , modifié à
Le président de l'association des urgentistes de France dénonce le manque de moyen des services d'urgence. "Nous avons un vrai problème de fond avec les urgences", explique-t-il.
INTERVIEW

Les urgences sont-elles en train de craquer ? Avec l'été, la hausse des petits bobos, mais surtout le retour de la canicule, la situation des services d'urgence inquiète de plus en plus. "La situation est très compliquée au niveau des services des urgences. C'est très difficile", a confirmé Patrick Pelloux, médecin urgentiste et président de l'association des médecins urgentistes de France sur Europe 1 jeudi. 

Hausse de la fréquentation. Pour les urgences, la gestion d'une canicule n'est pas une première. Mais depuis la canicule de 2003, "il y a eu une augmentation considérable de la fréquentation des services des urgences", indique l'urgentiste. "Tous les services ont eu une augmentation de leur activité, mais pas d'augmentation de leurs moyens" et une première hausse de la fréquentation des urgences en raison de la chaleur a commencé. "C'est une canicule un peu spéciale cette année. Vous avez celles qui sont extrêmement rapides comme celles de 2003, mais là c'est une canicule assez lente, qui est en train d’épuiser doucement les organismes", précise Patrick Pelloux.

Conséquences sur la mortalité inévitables. Ce type de canicule rend la situation plus difficile à prévoir. "On ne sait pas comment ça va évoluer au niveau des afflux des malades aux urgences. Mais il commence à y avoir des conséquences notamment chez les sans domicile fixe et chez les personnes âgées et poly-pathologiques", annonce le président de l'association des médecins urgentistes de France. Même si aucun décès directement lié à la chaleur n'a été signalé pour le moment "qu'il y ait des conséquences sur la mortalité c'est, hélas, inhérent à toutes les canicules", poursuit-il en rappelant que lors de la canicule de 2006, "mieux gérée que celle de 2003", le nombre de décès était monté à 7.000.

Pas de défaut de prise en charge. Pour autant, le médecin tient à rassurer : "il n'y a pas de défaut de prise en charge", assure-t-il. En revanche, certaines prises en charge sont "retardées". Les services des urgences ont notamment de plus en plus de mal à faire leurs plannings. "Dans 80% des services des urgences, il y a un problème pour faire les plannings et ça se ressent sur la prise en charge des patients qui attendent", poursuit Patrick Pelloux. "Nous avons un vrai problème de fond avec les urgences qui se souligne et s'aggrave avec l'afflux supplémentaire dû à la canicule. C'est là où les pouvoirs publics ne sont pas au mieux de leur présence à nos côtés. Le plan canicule est un plan de papier. Quand on a dit à la ministre vers le mois de novembre qu'il fallait préparer l'été elle a fait ce qu'elle pouvait, mais tant que vous ne débloquerez pas des moyens et que vous n’aurez pas une réforme de fond sur l’organisation des urgences, on restera très 20ème siècle".