Jeudi, Catherine Vautrin a été nommée à la tête d'un triple ministère comprenant le Travail, les Solidarités et la Santé. Une décision qui inquiète particulièrement les professionnels de santé, déjà confrontés à de nombreuses difficultés. Invité d'Europe 1 midi week-end, le président de l'Association des médecins urgentistes, Patrick Pelloux, a dénoncé "un grand mépris", et une impression de "mensonge". "Au moment du Covid, le président de la République avait dit 'quoi qu'il en coûte, la Santé avant tout'. Et en fait, tout est retombé comme un feu de paille, on est abandonné", souffle-t-il.
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D'autant que les ministres de la Santé se sont succédé ces derniers mois : en juillet dernier, François Braun a été remplacé par Aurélien Rousseau, qui avait entamé de nombreux chantiers. Mais lors du passage de la loi immigration en décembre dernier, ce dernier a décidé de démissionner, et a été remplacé par Agnès Firmin-Le Bodo, qui a assuré l'intérim jusqu'à la nomination de Catherine Vautrin jeudi. Ce que regrette Patrick Pelloux : "Dans la profession, que ce soit mes collègues de syndicats libéraux comme hospitaliers, on regrette le départ d'Aurélien Rousseau parce qu'un vrai travail avait commencé. Tout s'est arrêté".
"C'est Bercy qui gère la Santé"
Au-delà de la décision de mettre en place un super ministère, la nomination de Catherine Vautrin inquiète les professionnels de Santé. "Madame Vautrin qui arrive, qui est anti-avortement et qui va devoir peut-être porter le projet de loi constitutionnelle pour inscrire l'avortement dans la Constitution, on ne sait pas si ça se fera. Elle est aussi contre le projet de fin de vie. Ça fait déjà deux gros sujets", alerte Patrick Pelloux. Le médecin urgentiste fustige également la possibilité que Georges-François Leclerc devienne le directeur de cabinet de Catherine Vautrin. "Il était le directeur de cabinet de Roselyne Bachelot en 2007 et donc celui qui a construit et bâti 'l'hôpital entreprise', la tarification à l'activité, le 'directeur chef d'entreprise' et qui avait un très, très grand mépris pour les médecins hospitaliers et les syndicats hospitaliers sociaux."
Si un secrétaire d'État en charge de la Santé doit être nommé dans les jours qui viennent, cela ne semble pas suffisant pour le président de l'Association des médecins urgentistes. "Il n'aura pas les cordons de la bourse, de la Sécurité sociale et du financement. Il ne pourra rien faire. C'est celui qui a l'argent qui a le pouvoir, et on sait très bien que c'est Bercy qui gère la Santé", souligne Patrick Pelloux. "Il y a un discours à l'égard de l'hôpital qui est ultra libéral."
"Quelqu'un qui a un gros ministère, ça peut faire joli sur le papier, mais ils auraient aussi dû mettre l'Agriculture, et puis les Transports aussi, pour qu'elle fasse tout, et pourquoi pas qu'elle soit Première ministre aussi", conclut avec ironie et inquiétude Patrick Pelloux au micro d'Europe 1.