C’est une conséquence de la pandémie de coronavirus qui inquiète les personnels soignants. Depuis le début de l’épidémie, les admissions pour AVC, AIT (l’accident ischémique transitoire, quand un caillot obstrue la circulation du sang dans le cerveau, ndlr) ou encore infarctus ont considérablement chuté à l’hôpital. "C’est de l’ordre de 50 à 70 % en Île-de-France. En province, c’est au moins 40 % de réduction", a constaté le professeur Pierre Amarenco, qui tire la sonnette d’alarme jeudi dans l’émission Sans rendez-vous sur Europe 1.
"Il est très important que les gens appellent le 15 et qu’ils soient rassurés, ils ne croiseront pas de patients infectés. On risque d’ajouter une catastrophe de santé publique à une autre catastrophe", s’inquiète le chef du service de neurologie et du centre d’accueil et de traitement de l’attaque cérébrale à l’hôpital Bichat à Paris.
"C’est très inquiétant"
Le professeur Amarenco explique cette chute des admissions par la peur des patients d’être contaminés par le coronavirus. "C’est très inquiétant, parce qu’on peut se demander si les gens ne craignent pas d’être infectés à l’hôpital et retardent leur consultation avec leur médecin ou leur appel avec le 15", estime le médecin, qui a voulu rassurer les patients pour les inciter à consulter au plus vite.
"Ils ne doivent pas avoir peur d’être transportés à l’hôpital pour faire soigner leur AVC. Pour les AIT, les patients sont à très haut risque dans les heures et les jours qui viennent de faire un gros AVC définitif. Toutes les avancées de ces dernières années tombent par terre. Les patients ne doivent pas craindre de venir à l’hôpital", assure-t-il.
"L’AVC est une course contre la montre"
Le professeur Amarenco a également rappelé qu’il est impératif que ces pathologies soient très rapidement prises en charge, sous peine de graves séquelles. "Concernant l’AVC c’est une course contre la montre, on n'a que trois heures pour traiter les gens, au maximum six heures et rarement au-delà. Si les patients ne suivent pas cette filière là, ils vont garder des séquelles et après une vague de Covid il y aura une vague d’AVC", prévient-il.
"On ne peut pas expliquer une réduction de 40 à 50 % des AVC par la chute de la pollution ou une diminution du stress, notamment à Paris. Une autre explication était que les Parisiens étaient partis à la campagne, mais ce ne sont que les gens riches qui peuvent faire ça. Les gens pauvres sont restés à Paris et n’appellent pas pour autant quand ils ont un AVC. Nous restons à la disposition du public pour prendre en charge ces AVC et ces AIT. Tous les médecins ne traitent pas le coronavirus", certifie le médecin.
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"On risque de constater une surmortalité à domicile à la fin du confinement"
Ce constat est identique pour les infarctus. "C’est exactement la même chose, il y a une chute considérable. Les causes sont sans doute les mêmes, les gens préfèrent rester chez eux plutôt que d’aller à l’hôpital", juge le professeur Amarenco. "On risque de constater une surmortalité à domicile à la fin du confinement. C’est un effet néfaste de l’épidémie de coronavirus."