Apparition, symptômes, avancement des recherches : tout comprendre au coronavirus chinois

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Antoine Cuny-Le Callet , modifié à
Invité d’Europe 1 mardi, le docteur Vincent Enouf, directeur adjoint du Centre national de référence virus à l’Institut Pasteur, a fait le point sur l’avancée des recherches sur le coronavirus chinois. Se montrant rassurant, il appelle à ne pas céder à la panique et se montre optimiste sur l'avancée des recherches.
INTERVIEW

Le docteur Vincent Enouf, directeur adjoint du centre national de référence virus à l’Institut Pasteur, était mardi l'invité d'Europe 1. Répondant aux questions de Mélanie Gomez et Jimmy Mohamed dans "Sans Rendez-Vous", il a pu revenir sur la découverte du virus, renseigner sur l'avancée des recherches et adresser ses recommandations. 

Comment le coronavirus s'est-il manifesté ?

Lors de l'apparition des premiers cas, les personnes présentant des symptômes inhabituels ont toutes pu être reliées entre elles par les autorités chinoises : elles auraient fréquenté un marché aux poissons situé dans la région de Wuhan. Pour l’heure, impossible de savoir quel animal est l’hôte du virus. En effet, les poissons n’étaient pas la seule marchandise. "Sur ce marché, il y avait aussi des animaux de braconnage, du gibier", déclare le docteur Enouf. Selon certaines hypothèses, une chauve-souris aurait pu infecter un animal vendu sur place. Sa proximité avec les humains aurait facilité la transmission.

Que sait-on de la contamination ?

Le virus est très contagieux. Le fait que certaines personnes aient finalement contracté le virus sans avoir fréquenté le fameux marché aux poissons suggère que la transmission inter-humaine est possible. L’indicateur évaluant le potentiel infectieux (soit le nombre moyen de personnes contaminées par individu porteur du virus) a depuis été revu à la hausse : "c'est un virus avec un potentiel infectieux important" Surtout, il est possible que l’actuel recensement des personnes contaminées soit sous-évalué. L’Imperial College de Londres avance que le nombre de cas aujourd'hui admis, plus de 4.000, peut être multiplié par au moins 10.

Évoquant la quarantaine décrétée par les autorités chinoises pour plus de 60 millions de personnes, Vincent Enouf a posé la question du timing : "Bloquer tous les trajets pour éviter que des personnes quittent cette zone c’est bien, mais est-ce que ça a été fait à temps ? On verra dans le temps si ça a été réellement efficace."

Quels sont les symptômes et le risque mortel ?

Le temps d’incubation est relativement court, entre 5 et 15 jours. Les symptômes sont connus et ne diffèrent pas fondamentalement d'états grippaux que l’on observe déjà pour ce type de virus. "La majorité des personnes infectées vont déclarer un rhume, un mal de tête ou une petit grippe". Pour le moment, peu de personnes en meurent mais les incertitudes demeurent : certaines publications ont fait état de morts qui présentaient déjà une constitution fragile (notamment des personnes âgées) quand d’autre affirment que les personnes en bonne santé constituent les deux tiers des victimes.

Quelle est l'état d'avancement des recherches ?

Le virus n’a pas encore été isolé, ce qui laisse planer le doute sur bon nombre de points. Des tests de contamination par prélèvements nasopharyngés (développés entre autres par l’Institut Pasteur) ont en tout cas prouvé leur efficacité. "On reçoit tous les jours des échantillons suspects de personnes qui reviennent de cette région et qui présentent la symptomatologie des cas cliniques", déclare le docteur Enouf. Les scientifiques du monde entier s’affairent pour trouver un remède et éventuellement un vaccin.

Quels sont les comportements à adopter ?

Le docteur Enouf s’est montré rassurant et a avant tout mis en garde contre le risque de panique. Il préconise d’observer certaines règles élémentaires d’hygiène, notamment de se laver les mains régulièrement, et surtout d’éviter les lieux publics si l'on ressent certains symptômes comme de la toux ou de la fièvre. Répondant à la question de savoir si la France était prête à affronter une épidémie, il a affirmé : "Tous les ans, nous avons une épidémie de grippe, avec 10 à 15.000 décès." Au même moment, il a rappelé que le fait de se faire vacciner contre la grippe pouvait donner aux médecins des informations précieuses.