La société Carmat, qui développe un cœur artificiel total, a retiré la demande déposée auprès des autorités françaises de reprise d’un essai clinique, suspendu après le décès du cinquième greffé d’un cœur artificiel mi-octobre. Elle n’exclut pas de poursuivre cet essai aux États-Unis, a indiqué ce lundi son directeur général dans les colonnes du Parisien. "Nous travaillons pour apporter à l’Agence de sécurité du médicament (ANSM) les éléments nécessaires pour une reprise dans les plus brefs délais", a déclaré Stéphane Piat.
Si l'ANSM attend avant d'autoriser l'entreprise à retenter l'expérience, c'est parce qu'elle veut s'assurer de la sécurité des volontaires. Selon une source proche du dossier, contactée par Europe 1, il existe en effet un doute sur la batterie du cœur Carmat. Par ailleurs, la société n'aurait pas fourni tous les éléments pour justifier qu'il n'existe plus ce risque de batterie. Ce qui empêche le feu vert et retarde la mise sur le marché de ce cœur artificiel.
"On a besoin d'une alternative". Pour le docteur Olivier Hoffman, cardiologue et ancien Président du Collège national des cardiologues français, "ce cœur artificiel qui est bio-prothétique est une très belle réalisation française et un cœur qui a beaucoup d'avenir". Selon lui, "il faut laisser le temps au temps. Il faut que Carmat réponde à l'ANSM par rapport au cahier des charges." "On en a besoin car il y a plus de 600 patients qui sont en attente de greffe en France et la moitié sont greffés de façon classique et conventionnelle. L'autre moitié va malheureusement survivre que quelques semaines, donc on a besoin d'une alternative", insiste-t-il.
En août, Carmat s'était lancé dans la phase finale de son essai clinique devant lui permettre la commercialisation de son cœur artificiel. Cette deuxième série de tests prévoyait l'implantation de cœurs artificiels sur 15 à 20 volontaires. Le patient qui est décédé en octobre était le premier de cette série de volontaires et n'a tenu qu'un mois et demi. Or, pour que cette étude soit considérée comme une réussite, il faut que la moitié des patients survivent au minimum six mois après l'implantation.