C'est une bonne nouvelle pour les 20 millions de Français qui souffrent par exemple d'asthme, de diabète ou encore d'arthrose. Pas question ici de dire que le sport est bon pour la santé, une chose que l'on sait depuis des dizaines d'années. Cette fois-ci, des experts de l'Inserm viennent de publier une expertise dans laquelle ils affirment que l'activité physique peut agir comme un médicament avec des bénéfices très concrets. Europe 1 a voulu en savoir plus sur ce lien sous-estimé entre sport et santé.
Réduction de la fatigue. Les experts se sont intéressés à dix maladies chroniques. Ils montrent que le sport permet d'éviter les hospitalisations, les douleurs, et bien plus encore. Par exemple, dans le cancer, si on prescrit du sport dès le début, adapté bien sûr à l'état du malade, cela permet de réduire de 20 à 40% la fatigue pendant les soins et même après. La fatigue est le symptôme le plus fréquent dans la maladie.
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"Aussi efficace qu'une psychothérapie". Dans le cancer du sein et du côlon, ça va même plus loin : bouger réduirait le risque de récidive, voire de mortalité. Dans le diabète, ça permet de faire diminuer les injections d'insuline, et chez les cardiaques, la pression artérielle. De manière plus spectaculaire encore, le sport agit sur la dépression. "Un programme d'activité physique de trois séances par semaine, pendant trois mois, va avoir un effet aussi efficace qu'un antidépresseur ou qu'une psychothérapie", assure le psychologue Grégory Ninot, "au même niveau et avec des effets secondaires moins importants pour les patients qui ont un trouble dépressif léger à modéré".
À quelle fréquence faut-il du sport pour que ça agisse sur la maladie ? Que ce soit dans l'asthme, l'arthrose, après un AVC ou un infarctus par exemple, l'ordonnance de ces experts est la même : il faut bouger au moins 30 minutes par jour comme tout le monde, mais en plus, ces patients doivent pratiquer trois fois par semaine un sport de leur choix, adapté à leur état. Ça peut être de la danse, du taï chi… N'importe quoi, du moment que c'est fait avec plaisir. Cette question des sensations est primordiale, car quand on est malade chronique, la prescription de sport est pour la vie, pas deux ou trois mois.
Des structures rares. Pour tempérer cet enthousiasme, l’Inserm recommande néanmoins de ne pas s'y mettre tout seul, mais de faire appel à des spécialistes. Pour l'instant, quelques structures existent sous forme associatives ou dans le privé, mais elles ne sont pas nombreuses. Par exemple, à Paris, il existe un centre qui s'appelle "Mon Stade". Là-bas, il y a des athlètes de haut de niveau et des malades qui s'entraînent côte-à-côte. Des médecins et des coachs élaborent un programme pour chacun, et ça marche.
"On a baissé mon traitement il y a deux ans". Sena, 37 ans, pratique le sport sur ordonnance depuis cinq ans et vient "pratiquement tous les midis" dans cet établissement du 13ème arrondissement. Pour ses deux maladies chroniques, elle a perçu une amélioration sensible, en plus d'avoir perdu "une dizaine de kilos" : "Il y a quelques années, je n'envisageais pas de m'inscrire à une course, faire un petit peu de boxe, réussir à faire du gainage pendant une minute… Mon hypothyroïdie s'est améliorée et au niveau de la tension, on a baissé mon traitement il y a deux ans."
Le problème du remboursement. Le problème est que ce type de programme personnalisé coûte cher - environ 800 euros - parce qu'on est dans le privé. Côté remboursement, la loi autorise depuis 2016 les médecins à prescrire du sport sur ordonnance. En pratique, peu le font, mais en plus ça n'a pas beaucoup de sens puisque ce n'est pas remboursé du tout par l'assurance-maladie. Néanmoins, certaines mutuelles prennent parfois une partie de ce dispositif en charge. Des groupes associatifs comme Siel Bleue ou la CAMI, proposent également des séances de sport santé à des prix abordables pour les personnes âgées ou atteintes d'un cancer, à environ 5 euros la séance.