Nez qui coule, yeux qui pleurent, éternuements, démangeaisons… : les allergies touchent aujourd'hui un Français sur trois, alors que l'association Asthme & Allergies organise ce mardi, au premier jour du printemps, la Journée nationale de l'allergie. Cette proportion, environ deux fois plus importante, qu'il y a trente ans, devrait encore augmenter. L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) estime ainsi que 50% de la population mondiale sera affectée par au moins une maladie allergique en 2050. Parmi les causes invoquées, le réchauffement climatique est de plus en plus pointé du doigt.
Les émissions de pollen durent plus longtemps…
C'est une lapalissade : le premier effet du réchauffement climatique est évidemment la hausse des températures. Or, plus celles-ci sont élevées sur une période donnée, plus la pollinisation des végétaux est précoce et les quantités de grains émises importantes.
Sous l'effet du réchauffement climatique, la saison des pollens commence donc plus tôt – en fin d'hiver et en début de printemps – et finit plus tard. "C'est le cas pour les pollens de cyprès dans le sud de l'Europe (+18 jours de 1980 à 2002), d'olivier (+18 jours) et de pariétaire (+85 jours) ainsi que d'ambroisie sur le continent nord-américain (+1 à 27 jours selon la latitude de 1995 à 2009)", expliquaient en 2012 les pneumologues Pascal Demoly et François-Bernard Michel, dans une tribune au Figaro. La situation ne devrait pas aller en s'améliorant : selon Météo-France, les hivers sont voués à être de plus en plus doux et humides.
… Et sont de plus en plus redoutables
Les pollens libérés sont aussi de plus en plus nombreux. L'accentuation de la pollution atmosphérique, en lien étroit avec la hausse des températures, stresse en effet les plantes, qui se mettent à en produire davantage. Il a notamment été montré que la quantité d’allergènes présents dans le pollen de bouleau et d’ambroisie augmentait en même temps le mercure.
Les polluants chimiques atmosphériques peuvent "rompre la paroi des grains de pollen et libérer des fragments et des granules cytoplasmiques assez petits pour pénétrer dans le système respiratoire bien plus profondément que les grains entiers", note même la revue professionnelle Medscape, à destination du corps médical.
C'est pourquoi certains végétaux réputés peu allergisants le deviennent à proximité des autoroutes, par exemple. La pollution à l"ozone contribue d'ailleurs à exacerber les symptômes des allergies respiratoires, telles que les irritations du nez et de la gorge ou encore la toux, pour ne citer qu'eux. "L’ozone altère les muqueuses respiratoires et augmente leur perméabilité, ce qui engendre une réaction allergique à des concentrations de pollens plus faibles, indique l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail. Avant de tempérer : "Mais, à l’heure actuelle, s’il est possible d’affirmer que la pollution atmosphérique augmente le potentiel allergisant des grains de pollens dans certains cas, l’effet inverse a également été observé".
Le réchauffement climatique modifie la répartition des végétaux sur le territoire
Réchauffement climatique oblige, la répartition des végétaux ne cesse d’évoluer. Certaines espèces typiques du sud, comme l’olivier ou le cyprès, remontent vers le nord. Et ces deux-là sont connus pour être très allergisants. C'est aussi le cas de l'ambroisie. Déjà largement présente dans le centre et le sud de l'Europe ainsi que dans un grand quart sud-est de la France, cette plante sauvage venue d'Amérique pourrait bientôt s'implanter dans le nord de l'Europe, malgré des campagnes régulières d'arrachage.
De 33 millions d'Européens souffrant aujourd'hui d'allergies aux pollens d'ambroisie, le chiffre pourrait ainsi passer à 77 millions d'ici à 2050, selon une étude publiée en 2016 dans la revue Environmental Health Perspectives. Selon les chercheurs, les deux tiers de l'augmentation peuvent être attribués au changement climatique, tandis que le tiers restant s'explique par la propagation naturelle de la plante envahissante.