Comment le sport agit-il sur le cancer ?

Les malades du cancer sont encouragés à pratiquer une activité physique.
Les malades du cancer sont encouragés à pratiquer une activité physique. © TONY KARUMBA / AFP
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Thibaud Le Meneec
Médecin du sport et fondateur d'un centre "sport-santé" à Paris, le docteur Roland Krzentowski est venu détailler sur Europe 1, mercredi, le rôle que peut jouer l'activité physique dans le traitement d'un cancer, alors que vient d'être publié un guide pour favoriser le sport sur ordonnance.
LE TOUR DE LA QUESTION

C'est un livret destiné à encourager la pratique d'une activité physique pour les malades : la Haute autorité de santé a publié mercredi 17 octobre un guide pour faciliter la prescription de sport sur ordonnance pour les patients atteints de diverses pathologies, comme le diabète, les maux de dos, les troubles digestifs ou encore le stress. Mais aussi le cancer.

Une relation entre graisse et muscle à "harmoniser". Comment le sport peut-il améliorer la vie des personnes atteintes d'une telle pathologie ? "Aujourd'hui, on connait l'un des éléments du mode d'action de l'activité physique", a expliqué le docteur Roland Krzentowski, médecin du sport, fondateur d'un centre "sport-santé" à Paris, mercredi dans Le Tour de la question sur Europe 1. "Elle est capable d'harmoniser la relation entre la graisse et le muscle."

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"On sait aujourd'hui que la graisse est un organe qui se comporte comme une glande qui sécrète des substances délétères pour la plupart des organes", détaille le médecin. La graisse sécrète par exemple des hormones de croissances tumorales, donc si on a plus de production de cette substance, on a plus de risques d'aggraver un cancer." À l'inverse, poursuit-il, "on sait aussi que le muscle sécrète des éléments protecteurs".

Concurrence pour le sucre. Comment le muscle "protège"-t-il le corps d'une personne atteinte d'un cancer ? "Les cellules cancéreuses se distinguent des cellules saines par le fait qu'elles consomment du sucre pour leur production d'énergie, et c'est un point commun avec le muscle en activité", expliquait en juillet dernier à France 2 le professeur François Goldwasser, oncologue et chef du pôle cancérologie de l'hôpital Cochin, à Paris. "Lorsqu'un patient a une activité musculaire, il prend le sucre au profit du muscle aux dépens de la cellule tumorale. La cellule tumorale et le muscle sont en concurrence métabolique."

Entretenir sa masse musculaire, "une action anti-cancer en soi". "On a pu mesurer, en 2017, sur une étude nationale, la fréquence de la baisse de la masse musculaire des patients atteints d'un cancer en France", développait l'oncologue au micro de France 2. "On observait que, quel que soit le stade, deux tiers des patients atteints d'un cancer avaient une diminution de la masse ou de la force musculaire. Pour cette raison, il faut considérer que maintenir la masse musculaire ou la développer est aussi important que de traiter la tumeur et ses métastases. Agir sur le muscle et entretenir la musculature et la développer est une action anti-cancer en soi qui s'accompagne d'un bénéfice en survie, désormais documenté."