Avec 18.000 morts par an, le cancer colorectal est le deuxième cancer le plus meurtrier en France. L'Institut national du cancer (Inca) lance lundi une nouvelle campagne, baptisée "mars bleu", destinée à sensibiliser le public sur le dépistage et les moyens de lutter contre la maladie. Car dans 90% des cas, le cancer colorectal peut être évité.
Le dépistage sauve des vies, beaucoup de vies. Dans sa campagne, l’Inca insiste surtout sur le dépistage. Seuls 30% des Français(e)s de 50 ans à 74 ans font le test (dans le cadre du programme national). Il s’agit pourtant d’un test simple : il suffit de retirer un kit chez son médecin traitant. Et une fois réalisé à la maison, il n’y a qu’à l'envoyer par la poste pour analyse. Surtout, l’Inca recommande de ne pas attendre d'avoir des symptômes (sang dans les selles, douleurs abdominales, troubles intestinaux persistants…) et de le faire tous les deux ans chez soi, après 50 ans.
"Le dépistage permet à la fois de détecter des lésions pré-cancéreuses, de les traiter avant qu’elles se transforment en cancer, ou détecter des cellules cancéreuses superficielles, non propagées à d’autres cellules, et qui peuvent se soigner avec un traitement simple et d’enlever complètement la maladie", insiste le docteur Jérôme Viguier de l'Institut national du cancer, au micro d’Europe 1. A l’inverse, une fois le cancer métastasé, seulement 5% des patients survivent dans les cinq ans qui suivent.
Dans 95% des cas, les résultats de ces tests sont négatifs. Si le test est positif, cela signifie qu’il y a une présence anormale de sang dans le côlon ou le rectum et qu’il faut en identifier l'origine grâce à une coloscopie. Selon les spécialistes, si la moitié des personnes invitées à se faire dépister le faisait, jusqu'à 10.000 cas de cancers par an pourraient être évités.
L’hygiène de vie a-t-elle un impact ? Les rouages de cette maladie sont encore largement méconnus. Toutefois, plusieurs études ont, depuis la fin des années 2000, mis en avant un lien entre alimentation et cancer colorectal. En avril 2015, par exemple, des chercheurs de l'Université de Pittsburgh, aux Etats-Unis, et de l'Imperial College de Londres ont par exemple affirmé qu’une alimentation "à l’américaine" (grasse et riche en protéine) pouvait, en deux semaines, faire apparaître des risques de cancers du côlon. En janvier 2014, le Conseil Supérieur de la Santé de Belgique a également publié un avis complet sur le lien entre la surconsommation de viande rouge et la prévalence du cancer du côlon.
À l’inverse, en janvier dernier, une équipe de scientifiques d’Harvard constatait qu’un régime riche en fibres et en céréales complètes diminuait le risque de développer un certain type de cancer colorectal, sans exclure le risque totalement non plus. Selon une étude paneuropéenne menée sur 480.000 personnes, les produits laitiers constituent également un bon moyen de diminuer le risque. Pour se faire une idée du parfait menu à adopter pour éviter au maximum les risques, l’association canadienne du cancer colorectal a compilé toutes les récentes études sur la question.
Au-delà de l’alimentation, les scientifiques étudient d’autres moyens de se prémunir contre ce cancer ravageur. Calcium, acide folique (une vitamine B) aspirine… De nombreux nutriments ou médicaments ont été testés avec succès sur des animaux. Mais ils n’ont pas, pour l’heure, donné de résultats probants chez l’homme.