En période de pandémie, il peut s'avérer plus difficile de rassurer les personnes hypocondriaques. Environ huit millions de Français souffriraient de ce trouble du comportement, qui se caractérise par un état d'anxiété avancé. Dans l'émission Bienfait pour vous, le psychologue Antoine Spath évoque les signes de l'hypocondrie et donne plusieurs façons de lutter contre ce phénomène.
Le sentiment que tout est prétexte à une maladie grave
La véritable hypocondrie se caractérise "par la durée, l'aspect répétitif et déraisonnable de la plainte. On sent qu'il y a quelque chose d'imaginaire", explique le psychologue sur Europe 1. "Pour qualifier quelqu'un d'hypocondriaque, il faut qu'il soit passé par le médecin et que celui-ci ait diagnostiqué quelque chose de néant", poursuit Antoine Spath. Une personne touchée par l'hypocondrie souffre aussi d'anosognosie, "c'est-à-dire qu'il n'a pas connaissance de ses troubles (...). Il est persuadé que quelque chose ne va pas", ajoute-t-il.
L'épidémie de Covid-19 a aggravé l'anxiété de nombreuses personnes, estime le psychologue. Il explique qu'un patient hypocondriaque a besoin de recevoir des "règles claires". "Il adore le masque, il adore le gel, il adore les petites consignes qu'on a pu lui donner. Un vrai hypocondriaque va mettre son téléphone dans un sachet de congélation pour ne pas contaminer", affirme Antoine Spath. Pour lui, on peut développer une hypocondrie si on a "le sentiment qu'il y a un risque létal, de mort, face à une maladie grave. Tout peut être prétexte à une maladie grave, comme un petit bouton qui pousse sur le nez".
Convaincre la personne de consulter un psy
La mission de l'entourage de la personne hypocondriaque est de la convaincre d'aller consulter un psychologue. Une tâche très difficile car les personnes souffrant d'hypocondrie pensent qu'on ne les prend pas au sérieux. Pour y parvenir, le psychologue explique que l'on doit rester à l'écoute du patient.
Il existe également d'autres moyens de rassurer les personnes hypocondriaques, en l'absence d'un bon outil thérapeutique. Si le sport peut aider, "il y a des techniques spécifiques de relaxation, d'auto-hypnose, qui sont relativement efficaces", assure Antoine Spath, pour permettre à un patient d'être plus apaisé dans son corps, avant de consulter un psy. L'une des astuces est de focaliser l'esprit d'un hypocondriaque sur autre chose que son symptôme. "On essaie de proposer à une personne de déplacer son attention, de la défocaliser d'une partie de son corps, de lui montrer aussi l'aspect irréel de son anxiété.
Le psychologue Antoine Spath conseille entre cinq et dix séances d'hypnose pour la personne hypocondriaque, selon l'ancienneté et la difficulté du trouble. Il exhorte également de consulter un psy le plus tôt possible.