Le gouvernement demande aux élus locaux de 20 départements, en "surveillance renforcée", de proposer de nouvelles mesures sanitaires pour freiner la progression inquiétante de l’épidémie de Covid-19 sur ces territoires. Un point d’étape doit être réalisé d'ici une semaine. L’hypothèse de confinements locaux est donc sur la table. La mairie de Paris évoquait notamment jeudi soir la possibilité d’un confinement de trois semaines dans la capitale, mais ce type de mesure laisse sceptique certains scientifiques, notamment en raison du manque d’études sur le sujet.
À l'échelle d'une ville, cela n'a pas d'intérêt, explique sur Europe 1 le professeur Gilles Pialoux, chef du service des maladies infectieuses et tropicales de l'hôpital Tenon à Paris. Il estime qu'il faut voir plus large. "Je ne sais pas si trois semaines suffiront puisque cela dépendra du niveau auquel cette décision sera prise, régionalement ou nationalement. Paris n'existe pas au niveau de la circulation du virus, (…) globalement l’incidence concerne toute l'Ile-de-France", relève-t-il. "Les frontières entre départements sont très poreuses. Je pense qu'il faut plutôt avoir une réflexion à l’échelle régionale qu'au niveau de la ville", ajoute Gilles Pialoux.
Le reconfinement total, une solution "inexorable"
Mais peut-on établir un cordon sanitaire entre une région et le reste du territoire ? "Quand il s'agit d'une île, comme la Nouvelle-Zélande, cela simplifie les choses, mais dans le cas présent il va falloir réfléchir à protéger les frontières virtuelles de la région de l'arrivée du virus de l'extérieur", pointe dans les colonnes du Figaro Antoine Flahault, professeur de santé publique à l'université de Genève. "Il faudrait murer l'Île-de-France", abonde Benjamin Davido infectiologue à l'hôpital Raymond Poincaré de Garches, également auprès du quotidien.
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Pour Gilles Pialoux, seul un reconfinement de l’ensemble du territoire est capable de mettre un coup d’arrêt à l’épidémie, mais d’une durée supérieure à trois semaines tant les indicateurs de suivi sont élevés. "Le problème, c'est que ces débats [sur l’efficacité des confinements locaux, ndlr] ne font que reculer quelque chose qui, sur le plan sanitaire, est inexorable : à savoir un confinement réel, et malheureusement durable à cause du niveau actuel de circulation du virus", conclut-il, toujours sur Europe 1.