En Afrique, les habitats naturels de diverses espèces de grands singes sont depuis longtemps menacés par les braconniers. L'apparition du coronavirus leur fait désormais courir un nouveau risque : celui d'un défaut de protection, conséquences des mesures de confinement, et d'une contamination de l'homme vers l'animal. Interrogée au micro d'Europe 1 dimanche sur son expérience auprès des chimpanzés en Ouganda, la primatologue vétérinaire Sabrina Krief a fait part de son inquiétude : "Les primates seront probablement sensibles à ce coronavirus s'ils sont en contact avec lui."
"La pression augmente"
Au parc national de Kibale, le suivi et la protection des chimpanzés sont entravés par les mesures de confinement : les équipes de vétérinaires sont réduites et le contact direct avec les animaux sauvages proscrit. "Le nombre de cas en Ouganda n'est pas énorme mais des mesures de confinement ont été prises", explique Sabrina Krief, ajoutant : "On a maintenu des patrouilles anti-braconnage parce que la pression augmente."
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Le phénomène n'est pas propre à l'Ouganda. Le braconnage et la coupe illégale de bois ont augmenté près des chutes Victoria, à la frontière entre la Zambie et le Zimbabwe, ou encore au Bénin. Le risque auquel sont exposés les espèces sauvages est encore plus grand. "Ce qui affecte le plus les chimpanzés qui sont au contact des humains ce sont le plus souvent les maladies respiratoires", déplore la vétérinaire également professeure rattachée au Muséum d'Histoire naturelle.
Proximité entre le monde animal et celui des humains
La contamination pourrait venir des braconniers, mais aussi des touristes ou même des vétérinaires. De plus, les mesures de confinement sont difficilement applicables aux citoyens à proximité des parcs nationaux. Sabrina Krief avance qu'une partie de la population doit effectuer des déplacements quotidiens pour se fournir en eau. "Il y a aussi de graves problèmes d'inondations en Ouganda [...] avec des centaines de milliers de déplacés", ajoute-t-elle.
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Dans ce contexte, la pandémie doit selon elle faire office "d’électrochoc" : "Il faut que l'on prenne des mesures contre le braconnage, tout ce qui détruit l'habitat !" La proximité entre le monde animal et celui des humains est la cause principale de l'irruption des épidémies. Evoquant le problème de la déforestation et du trafic d'animaux sauvages, Sabrina Krief conclut : "Cela nous met face à toutes les incohérences du système actuel, en particulier sur les questions de bien être animal."