Les associations estime qu'il existe une "rupture d'égalité" dans l'accès aux soins (photo d'illustration). 1:15
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Alors que deux associations ont demandé à ce que le gouvernement fixe des règles pour encadrer l'accès aux soins des personnes âgées victimes du Covid-19, le professeur Raphaël Pitti, anesthésiste-réanimateur, rappelle sur Europe 1 que le choix de faire bénéficier un malade de la réanimation ou non n'est pas une situation inhabituelle pour un soignant.
INTERVIEW

L'âge des patients est-il davantage pris en compte que d'habitude par les médecins, face à l'épidémie de coronavirusDeux associations le pensent et ont déposé une requête devant le Conseil d'Etat, réclamant un protocole explicite pour l'accès aux soins des personnes âgées touchées par l'infection. "C’est le cœur de notre métier au quotidien, de savoir si tel ou tel patient doit bénéficier des techniques de réanimation", répond sur Europe 1 Raphaël Pitti, anesthésiste-réanimateur et professeur de médecine d'urgence et de catastrophe. 

"C'est très désagréable d'entendre ça"

"Ces techniques de réanimation sont lourdes et agressives, c'est à nous de décider s'il y a encore pour eux une espérance thérapeutique à le prendre en charge", poursuit le médecin, qui a passé un mois en première ligne dans le Grand Est, région la plus durement touchée par l'épidémie. Alors que la requête des associations met en avant une "rupture d'égalité" tant dans l'accès aux soins que dans le traitement de la fin de vie, le spécialiste pointe que "toute la politique menée" vise justement à "assurer des places en réanimation". "C’est très désagréable d’entendre ça", s'agace-t-il. 

"Nous avons transformé les unités de soins continus et les salles de réveil en services de réanimation, en mobilisant tous les respirateurs possibles et en faisant venir des renforts", énumère Raphaël Pitti. "Nous avons fait venir des infirmiers en retraite et des collègues du Sud de la France car nous avions besoin de compétences."

"Nous nous donnons une limite dans les soins"

Répondant aux accusations de "tri" des malades, le ministre de la Santé Olivier Véran avait évoqué samedi le cas des patients en situation de handicap, soulignant que ces personnes "devaient bénéficier des mêmes soins que le reste de la population". "Il n’y a pas de tri, nous faisons en sorte de toujours prendre en charge un patient", défend Raphaël Pitti au micro d'Europe 1. 

"On peut décider de prendre le malade en réanimation mais en limitant les soins", poursuit-il. "Il y a des malades qu’on ne prend pas. Par exemple, le patient de 94 ans, atteint de la maladie de Parkinson, grabataire, sans famille, sans environnement affectif, celui pour lequel la fin de vie est proche et où on sait que le coronavirus va l’amener plus rapidement vers la fin de vie. Il est accompagné et il peut y avoir une expérience thérapeutique, mais nous n’irons pas jusqu’à la dialyse par exemple. Nous nous donnons une limite dans les soins."