L'Organisation mondiale de la Santé (OMS) a alerté, samedi, sur le manque de preuves concernant l'immunité des anciens malades du coronavirus. Un certain nombre de cas suggéreraient des résurgences de la maladie chez des patients déjà infectés. Invité d'Europe 1 dimanche, le professeur émérite à l’institut Pasteur Philippe Sansonetti a concédé que les connaissances sur le virus étaient encore limitées. Surtout, il a affirmé que les autorités ne misaient plus sur l'immunité collective. "On ne vise pas à obtenir ce pourcentage de taux d'attaque sur la population de 60% à 70%. C'est derrière nous", explique-t-il.
"L'OMS est dans son rôle", martèle le professeur au collège de France. "Les évidences scientifiques sont encore insuffisantes pour assurer que la 'séropositivité' [...] des patients convalescents du Covid-19 les protège d'une infection à venir." Rappelant que les chercheurs étaient confrontés à un virus n'ayant émergé qu'il y a quelques mois, Philippe Sansonetti affirme sans détour qu'il faudra du temps avant d'accumuler les connaissances nécessaires à l'élaboration d'un vaccin.
Tension sur le système de santé
Dans ce contexte, il estime que la stratégie dite "d'immunité collective" n'est plus à l'ordre du jour. Selon lui, environ 10% de la population a été infectée dans les foyers les plus importants. "Quand on voit ce que ce faible pourcentage a causé comme tension sur notre système de santé, on sent bien ce que serait le système [si c'était multiplié par 6]". Selon un avis du Conseil scientifique, si 70% de la population venait à être infectée, avec le taux de mortalité actuelle, 250.000 personnes pourraient mourir.
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"On a fait le choix de vivre avec cette notion que tout le monde ne sera pas infecté par le virus", conclut Philippe Sansonetti, avant d'ajouter qu'"il faut en tirer les conséquences sur la qualité de la prévention". Le combat contre l'épidémie devrait donc impliquer d'autres stratégies et imposera une vigilance accrue au moment du déconfinement.