Alors qu'un nouveau foyer du Covid-19 s'est déclaré en Italie, les craintes d'une propagation de l'épidémie en Europe se font de plus en plus vives. Venu dresser un état des lieux de la situation sur le continent et détailler les mesures possibles, le médecin épidémiologiste de l'INSERM, Eric d'Ortenzio était l'invité d'Europe 1, lundi.
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Avec une dizaine de cas de contamination confirmés en France, on ne peut pas encore parler d'épidémie. Mais, selon le docteur, "aux vues de l’évolution, le risque est un peu plus important qu’il y a quatre ou cinq semaines où il était très peu probable". Le principal problème auquel sont confrontés les médecins est la transmission du virus par les personnes asymptomatiques, une "donnée qui nous manque". "On sait qu’elle existe mais est-ce qu’elle est fréquente ou rare, ça on ne le sait pas." Ainsi, six cas sur dix pourraient ne pas avoir été détectés sur le territoire.
"La fermeture des frontières n'a jamais arrêté des épidémies"
En Italie, le "patient 1" à l'origine du foyer de contamination a bel-et-bien été identifié. Mais, pour l'heure, les médecins n'expliquent toujours pas comment ce dernier a pu contracter le virus. La situation de l'autre côté des Alpes est suivie de très près. Une dizaine de villes sont désormais en quarantaine suite aux mesures prises par les autorités sanitaires.
Le cordon de sécurité autour de la ville de Codogno est néanmoins jugées très poreux. A la question de savoir si la fermeture des frontières avec l'Italie pouvait s'avérer efficace, Eric d'Ortenzio a tempéré : "La fermeture des frontières n'a jamais arrêté des épidémies, le virus diffuse. Ce n’est pas une bonne mesure." Il a rappelé que celle-ci n'était d'ailleurs pas préconisée par l'OMS.
Concernant la possible mise en place de contrôle systématiques aux aéroports, le docteur a aussi fait état de son scepticisme. "[Un portail thermique] peut permettre d'identifier les gens avec de la fièvre, mais la fièvre n'est pas un symptôme de 100% des malades." Déjà instaurée dans certains pays, la mesure est selon lui avant tout destinée à rassurer la population.
Eric d'Ortenzio a préféré mettre l'accent sur la nécessité de s'équiper en masques et d'ouvrir des hôpitaux pour accueillir les malades. Il a conclu en soulignant "la prise de conscience et le sérieux de la gestion de la crise en Europe".