C'est l'un des symboles des difficultés du personnel soignant durant la crise sanitaire du coronavirus : le manque de masques de protection. Depuis début mars, les stocks se sont révélés insuffisants en France. Pour faire face à la situation, le ministre de la Santé Olivier Véran a annoncé la commande de près de deux milliards d'unités en Chine. Depuis le 21 mars, assure le ministère de la Santé, ce sont près de 40 millions de masques qui sont envoyés chaque semaine aux établissements de santé. On fait le point.
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18 masques par pharmacien et par semaine
Les précieux masques ont d'abord été attribués aux hôpitaux, mais aussi aux structures médico-sociales comme les Ehpad ou aux professionnels de santé de ville. Ces derniers, les pharmaciens, sont un des baromètres de l’état des stocks. S'ils notent une légère amélioration dans le nombre de masques qui leur sont dédiés, ils alertent sur la situation. Les stocks sont tout juste "suffisants", estime au micro d'Europe 1 Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF).
"Nous sommes rationnés avec une dotation par personne et par semaine : 18 masques. C’est trois par jour, donc pour un soignant, c’est bien", explique-t-il, affirmant que "la dotation pour les personnels commence à devenir conforme". "Ce n’est pas le luxe, mais c’est mieux qu’il y a quinze jours".
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"On a à peine ce qu'il faut pour nous protéger"
Néanmoins, pour Guillaume Dessard, président du FSPF en Haute-Savoie, il y a un problème : les 18 masques par semaine sont réservés aux pharmaciens. Mais dans une pharmacie, on peut aussi trouver des préparateurs "et ces préparateurs sont avec nous, au comptoir. Ils répondent présents et n'ont aucun masque !", dénonce-t-il.
"On commence à avoir un petit peu plus de masques chirurgicaux, mais on n'a toujours pas de masques FFP2 (...). On a à peine ce qu'il faut pour nous protéger", déplore Guillaume Dessard au micro d'Europe 1, qui va envoyer une lettre ouverteà Emmanuel Macron, pour dénoncer "un manque cruel de considération de la profession par l'État".
"On ne peut pas se plaindre", confient de leur côté des membres du personnel de l’hôpital de Mulhouse, où les dons de masques, qui s’ajoutent aux livraisons d'État, s’avèrent salvateurs. Le constat est identique en Île-de-France, la région qui avec le Grand-Est est la plus touchée par l'épidémie. Mais certains masques reçus, selon Laura, une infirmière à Paris, sont périmés depuis... 2001. "Au moins, on a des masques FFP2", commente-t-elle.
Les surblouses aussi en manque
Si la pénurie de masques semble donc diminuer, c'est un autre déficit qui inquiète désormais les soignants : celui des surblouses, un autre moyen de protection pour les soignants en contact quotidien avec des malades, mais aussi pour les patients.
"Parfois, on va dans des chambres de patients qui sont seulement en suspicion de Covid-19, avec des tenues qui sont entrées dans des chambres de patients testés positifs. Donc s’ils étaient seulement en suspicion, juste à cause des soins qu’on fait, ils seront Covid-19 positifs quasi-sur", poursuit Laura au micro d'Europe 1. "Si on respectait les règles d’hygiène", conclut-elle, "on serait à court de stock. Comme il faut économiser, on transforme les règles d’hygiène".