Le trafic d'animaux sauvages ne semble pas ralentir à travers le monde. 1:40
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Antoine Cuny-Le Callet , modifié à
Aux origines de l'épidémie de coronavirus se trouve un "marché aux poissons" en Chine. Le trafic d'animaux sauvages est désormais directement en cause. Invité d'Europe 1 samedi, Didier Sicard, ancien président du Comité consultatif national d’éthique, a parlé d'un commerce mafieux comparable à celui de la drogue.
INTERVIEW

Le 12 janvier, l'OMS annonçait la découverte d'un nouveau coronavirus apparu quelques semaines plus tôt en Chine, sur un marché d'animaux. Le 7 février, les scientifiques d'une université d'agriculture du sud de la Chine identifiaient le pangolin, petit herbivore à écailles, comme possible hôte intermédiaire du virus, l'animal réservoir étant la chauve-souris. Si les recherches sur les origines du virus se poursuivent à l'heure actuelle, pour le professeur Didier Sicard une chose est sûre : le trafic d'animaux peut être directement lié à l'émergence de cette pandémie.

Professeur de médecine et ancien président du Comité consultatif national d’éthique, Didier Sicard a longuement dénoncé la survivance d'un trafic qu'il qualifie d'emblée de "mafieux" au micro d'Europe 1. Il prévient que les pandémies mondiales sont amenées à se multiplier "tant que l'on n'aura pas criminalisé le trafic d'animaux", et notamment celui ayant cours en Chine.

Des conditions sanitaires désastreuses sur les marchés

"Le marché [de Wuhan] hébergeait fin décembre un grand nombre de ces animaux : des pangolins et des chauves-souris vivants, dans des paniers en osiers." Il décrit des animaux enfermés dans des conditions sanitaires déplorables, manipulés par des acheteurs peu précautionneux. Inévitablement, des animaux porteurs de maladies inconnues rentrent en contact avec l'Homme.

A travers le monde, et particulièrement en Asie, le commerce d'animaux sauvages ne semble pas ralentir. "Le marché n'a jamais existé de façon aussi importante dans une très grande ville et il y a des filières nouvelles", pose Didier Sicard. "Le problème, c'est que le scénario s'est passé de manière identique près de Hong-Kong il y a 17 ans, au moment de l'épidémie du SRAS-1."

Selon lui, les autorités chinoises ne font rien pour lutter contre un trafic "mondial, souterrain et mafieux" qui représente "plusieurs dizaines de millions de dollars". Si une Convention internationale interdit le trafic d'animaux, elle n'est de fait pas respectée et ne fait l'objet d'aucune sanction. Didier Sicard appelle à ce que le sujet prenne une "dimension internationale" pour que la Chine prenne, enfin, des mesures plus sévères.