La course est lancée. Alors que le coronavirus a tué plus de 120.000 personnes dans le monde, l'ONU estime que la seule voie vers un retour à la "normalité" face à l'épidémie passe par la mise au point d'un vaccin, aucun traitement n'existant à ce stade. De premiers essais cliniques sont d'ores et déjà menés en Allemagne, quand d'autres doivent commencer jeudi au Royaume-Uni. Mais la route est encore longue et un vaccin potentiel ne devrait pas être disponible avant plus d'un an.
Les chercheurs doivent tout d'abord bien identifier l'ADN du virus lui-même. Dans le cas du coronavirus, cette étape a été franchie rapidement, les scientifiques chinois ayant rendu ces informations accessibles aux chercheurs du monde entier.
Choisir la bonne stratégie de mise au point
L'étape suivante est d'adopter une stratégie pour mettre au point le vaccin et peut prendre trois formes : soit on choisit d'injecter le virus sous une forme atténuée, sans qu'il soit dangereux pour l'homme, soit on l'injecte sous une forme inactivée, comme on le fait pour la grippe. La troisième possibilité consiste à introduire des morceaux du virus ou de son code génétique dans un autre vaccin. C'est cette dernière option qu'ont privilégiée les chercheurs de l'Institut Pasteur, en partant du vaccin contre la rougeole, connu depuis 40 ans et très efficace. Dans ces trois stratégies, le corps réagit à chaque fois, produit des anticorps, et sait se défendre quand il rencontre le virus.
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Une fois la stratégie adoptée, vient ensuite le temps de l'essai clinique, d'abord sur un petit groupe de personnes pour connaître son efficacité et s'assurer qu'il n'est pas dangereux, puis sur un groupe plus important, avant que le vaccin ne soit autorisé et fabriqué.
Certains pays accélèrent le processus
Toutes ces étapes nécessitant beaucoup de temps, avec des durées incompressibles pour les tests et les validations, la conception d'un vaccin peut prendre plusieurs années, surtout quand le virus est difficile à disséquer. Ce n'est toutefois pas le cas du coronavirus, qui n'a pas l'air de beaucoup muter à ce stade. Par ailleurs, 150 laboratoires s'activent dans le monde entier, et on peut donc tabler sur un délai de 12 à 18 mois.
Certains pays ont cependant décidé d'accélérer le processus. Ainsi, en Angleterre, des essais cliniques vont débuter jeudi et un million de doses seront produites d'ici à septembre, en parallèle de la poursuite des recherches, pour que le vaccin soit rapidement disponible en cas de succès.