Ce sont des symptômes identifiés de plus en plus souvent chez les patients atteints du coronavirus : la perte brutale d'odorat et de goût sans avoir le nez bouché. Découverte récemment, "cette symptomatologie est tout à fait spécifique au coronavirus", selon l'ORL Alain Corré. Premier à avoir alerté les autorités sur "ce phénomène étrange", il revient au micro de l'émission "Sans Rendez-vous" sur Europe 1 sur cette découverte "fondamentale" qui permet d'éviter de tester les patients, et explique la marche à suivre si l'on constate nous-même ces troubles.
Comment s'est faite la découverte ?
C'est sur un forum de discussion qui regroupe 4.000 ORL que les premiers cas de ce symptôme étrange ont été remontés. Intrigués, Alain Corré et une infectiologue "rencontrée par hasard" décident de mettre au point une étude pour faire un lien avec le coronavirus. Une soixantaine de patients sont ainsi testés et "au vu des résultats", ils en concluent qu'il existe un rapport direct avec le Covid-19.
Les deux symptômes sont-ils forcément liés ?
"L'agueusie [perte de goût] et l'anosmie [perte d'odorat] sont souvent mélangées, parce que le goût est lié à l'odorat", rappelle le spécialiste au micro d'Europe 1. "Quand on met un aliment dans notre bouche, son goût est donné par l'odorat", à quatre exceptions : le sucré, le salé, l'amère et l'acide. Quant à savoir si ces symptômes sont graves, l'ORL se veut rassurant, "c'est très souvent réversible sous cinq à dix jours. Mais on ne sait pas si tout le monde va récupérer, nous n'avons pas assez de recul sur la maladie pour le moment."
Si ces symptômes peuvent paraître anormaux pour une maladie respiratoire, le médecin avance prudemment que "ce coronavirus a une appétence particulière pour les nerfs, et donc les cellules nerveuses". Dans le cas de l'odorat, ce n'est donc "pas un hasard" si le virus "s'attaque aux cellules olfactives", d'autant que l'agueusie et l'anosmie sont habituellement liées à des maladies virales, comme la grippe.
Quelle est la fréquence de ces symptômes sur l'ensemble des cas ?
"Comme on a lancé l'alerte, on a l'impression d'en avoir plein, mais peut-être que cela concerne assez peu de gens comparativement au nombre de cas. Une enquête est en train d'être menée, mais on ne pourra savoir qu'à la fin de l'épidémie si c'était fréquent."
Que faire si je présente ces symptômes ?
"Pour l'instant, rien", insiste Alain Corré. "Nous n'avons aucune idée du traitement pour ces symptômes, mais on sait ce qu'il ne faut pas faire : ne pas prendre de cortisone, et ne pas se laver le nez avec du sérum salé." Mais ne pas prendre de traitement n'empêche pas de prendre "un rendez-vous téléphonique avec son médecin traitant". Un seul mot d'ordre, donc : s'isoler. "C'est le seul signe spécifique de cette maladie qui permet de ne pas faire de test, c'est fondamental."
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