En cette période de confinement, est-il encore possible de consulter son dentiste ? En raison de l'épidémie de coronavirus, les chirurgiens-dentistes ont dû fermer leur cabinet. Mais les patients peuvent toujours être pris en charge en cas d'urgence par des services de garde assurés par les professionnels libéraux, des centres de santé, et les services hospitalier, rappelle le Pr Vianney Descroix, chef de service odontologie à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, au micro d'Europe 1.
Pourquoi les cabinets ont-ils dû fermer ?
Dès l'annonce du confinement, le conseil de l'Ordre des chirurgiens dentistes a préconisé la fermeture des cabinets dentaires. Une "bonne décision", estime Vianney Descroix, qui rappelle que les chirurgiens-dentistes sont particulièrement exposés au coronavirus. "C'est une profession extrêmement à risque, puisqu'on travaille dans la bouche, à côté du nez, et que nos outils font beaucoup de gouttelettes."
Actuellement, les professionnels assurant des gardes se protègent à l'aide notamment de masques FFP2 et d'équipements de protection individuels. Mais, alerte le chef de service, avec la prochaine réouverture des cabinets, "il va falloir que le gouvernement fasse très attention à ce que ces chirurgiens puissent être équipés, mais aussi les assistantes dentaires, qui sont indispensables au bon fonctionnement d'un cabinet". "On ne peut pas espérer que les cabinets rouvrent si les assistantes dentaires ne sont pas équipées", martèle-t-il.
Comment sont assurées les gardes ?
Si les cabinets ont dû fermer, des chirurgiens-dentistes libéraux, des centres de santé, ainsi que les services hospitaliers, continuent d'assurer des gardes, mais "n'assurent plus que les urgences bucco-dentaires", indique Vianney Descroix.
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Les patients confrontés à ces urgences peuvent donc continuer à être pris en charge, après avoir été régulés par des services de permanence téléphonique, dont certains sont assurés par les conseils départementaux de l'Ordre des chirurgiens-dentistes. "Avant de faire déplacer quelqu'un, il y a forcément un avis au téléphone, parfois une télé-consultation", précise le spécialiste. "Si la consultation conclut à la nécessité de se déplacer, le patient est redirigé vers un chirurgien-dentiste."
Quelles sont les urgences pour lesquelles il est possible de consulter ?
Il y a quatre grands types d'urgences dans la dentisterie, rappelle le Pr Vianney Descroix : "la douleur, les urgences infectieuses, les traumatismes, et les hémorragies."
- Les douleurs. "Certaines douleurs dentaires, comme la rage de dents, ne passeront pas avec des médicaments antalgiques et encore moins avec des antibiotiques. Ces douleurs nécessitent vraiment l'intervention d'un chirurgien pour soigner la dent", insiste l'invité d'Europe 1.
- Les urgences infectieuses. Pour Vianney Descroix, "on peut citer notamment les cellulites dentaires et les abcès, qui peuvent être temporisés 24 heures avec des antibiotiques, mais qui vont aussi demander rapidement une intervention".
- Les traumatismes. Ces traumatismes désignent des lésions d'une ou de plusieurs dents, causées par exemple par des chutes. En cette période de confinement, elles sont nombreuses, aussi bien chez les enfants tombés à leur domicile, que chez les joggeurs inexpérimentés, explique Vianney Descroix.
- Les hémorragies. Ces hémorragies buccales peuvent notamment être provoquées par la prise d'anticoagulants, qui fluidifient le sang.
Si vous êtes concerné par un de ces cas, n'hésitez pas à consulter, malgré la volonté de respecter le confinement ou la peur d'être contaminé à l'hôpital. "Le confinement ne doit pas se faire au détriment de la santé", abonde Vianney Descroix, qui alerte sur les aggravations de ces urgences si elles ne sont pas traitées. "Une rage de dents non traitée va devenir une infection. L'infection, elle, est au départ facile à juguler, mais cela peut devenir extrêmement grave avec des infections qui peuvent descendre sur les poumons ou monter au cerveau", explique-t-il. Enfin, certains traumatismes, s'ils sont soignés trop tard, peuvent entraîner des séquelles.