Philippe Juvin chef des urgences pompidou 3:45
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Séverine Mermilliod , modifié à
Le Professeur Philippe Juvin​, chef du service Urgences de l'hôpital Pompidou et maire de la Garenne Colombes, était l'invité d'Europe 1, jeudi. Il alerte sur l'importance d'agir vite afin de maîtriser la vague de décès dans les Ehpad.
INTERVIEW

Le bilan de l'épidémie de coronavirus covid-19 en France est désormais de 1.331 morts. Mais ce décompte ne prend pas en compte la réalité des décès, par exemple dans les Ehpad ((Établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes). Le professeur Philippe Juvin​, chef du service Urgences de l'hôpital Pompidou et maire de la Garenne Colombes, était jeudi l'invité d'Europe 1 pour alerter sur la situation dans les hôpitaux et les Ehpad. Selon lui, "il faut agir extrêmement rapidement en mobilisant beaucoup de gens."

"Cela fait plusieurs jours qu’on dit qu’il est en train de se passer une véritable hécatombe dans les maisons de retraite. Est-ce qu’il est encore possible d’agir ? Je le crois. Évidemment, chaque jour qui passe rend les choses plus compliquées… Je pense qu'il faut agir extrêmement rapidement en mobilisant beaucoup de gens, par exemple la réserve sanitaire", alerte le professeur.

"Il faut régler la question du matériel" et tester "la totalité des résidents"

"Deuxièmement, il faut régler la question du matériel, les masques en particulier", martèle Philippe Juvin. "J’ai eu une directrice d’Ehpad encore hier soir au téléphone qui a deux masques par jour et par soignant, c’est incroyable ! Ce n’est pas suffisant. Il faut, à chaque chambre, une bouteille de solution hydroalcoolique", demande-t-il encore.

"Enfin, il faudrait qu’on teste la totalité des résidents pour savoir s’ils ont le virus, et séparer ceux qui sont encore sains des autres", afin d'éviter que les patients ne se contaminent entre eux et que le personnel soignant ne transporte le virus d'un résident à un autre. "Tout cela demande une volonté, des moyens, mais il faut aller vite, on n’a pas de temps à perdre."

"Il y a une carte à jouer, il faut la jouer vite"

Philippe Juvin estime que "dans cette affaire, il y a mille choses qu’il aurait fallu faire avant". Selon lui, il y a une responsabilité collective dans "des retards à la décision, à la prise en compte de la gravité de la maladie". Mais surtout, "il y a des responsabilités majeures qu’il faudra fixer sur toutes les pénuries. Parfois je me demande : 'de quoi ne manque-t-on pas ?' Alors est-ce trop tard ? Je ne sais pas... Il y a une carte à jouer, il faut la jouer vite."

Comme le rappelle enfin le professeur, la situation des Ehpad pourrait être la même dans les hôpitaux psychiatriques, dans les foyers pour personnes handicapées, dans les prisons, chez les personnes âgées à domicile… "Les Ehpad, c’est fondamental, mais il y a tout ceux-là, qui risquent, c’est ma crainte, de mourir en silence".