Lundi prochain, Emmanuel Macron s'exprimera pour annoncer un prolongement du confinement. Mais les conditions d'un déconfinement à venir sont d'ores et déjà étudiées. Le Conseil scientifique du gouvernement a récemment publié un avis abordant le sujet. Invité d'Europe 1 jeudi, le docteur Pierre-Louis Druais est venu détailler les préconisations du Conseil scientifique dont il est membre. Pour lui, une chose est sûre : le déconfinement n'annonce pas le retour immédiat à la "vie d'avant".
"Il va falloir mettre en place un certain nombre de mesures de repérage des personnes positives, des mesures d'isolement des personnes positives et des mesures d'isolement plus longs des personnes à risque", pose d'emblée le médecin généraliste. Trois problématiques se posent selon lui.
Dé-saturer les services hospitaliers
En première ligne dans la lutte contre l'épidémie, les services hospitaliers sont soumis à des "conditions extrême de travail", selon les mots de Pierre-Louis Druais. "Il faut que l'on revienne à un nombre de lits correspondant à la disponibilité initiale qui était d'un peu plus de 5.000 lits." Le docteur rappelle que, depuis le début de l'épidémie, le nombre de lits disponibles en réanimation a doublé, bouleversant profondément l'organisation des établissement de santé. La désaturation des services va elle aussi nécessiter un temps d'adaptation. En clair, le déconfinement se fera quand les hôpitaux respireront un peu mieux.
Diminuer le nombre de nouveaux cas
Créer les conditions de sortie du confinement implique donc de diminuer le nombre de nouveaux cas. Le professeur Pierre-Louis Druais évoque à ce sujet le taux de reproduction du virus, ou "R zéro". Celui-ci désigne le nombre moyen de personnes infectées par un porteur unique. "Quand le seuil sera inférieur à 1 on saura qu'on a une capacité de réduction", assure-t-il. La population devra pour cela être équipée massivement en masques pour éviter toute résurgence du virus.
Organiser la surveillance
Enfin, il y a la question du dépistage. Depuis plusieurs semaines, le ministre de la Santé, Olivier Véran, réaffirme sa volonté d'augmenter la capacité de tests de la France. Ces-derniers, dans le cadre du déconfinement, doivent permettre de repérer rapidement les nouveaux cas afin de les traiter localement. De la même façon, Pierre-Louis Druais pose comme condition la facilité d'accès aux tests de dépistage et aux tests sérologiques.
Il avance également que des procédures d'isolement devront rester en vigueur. Le cas des personnes dites "à risque" fait l'objet de préoccupations particulières. Les plus de 70 ans et les individus présentant certaines "fragilités" pourraient ainsi être soumis à l'obligation de disposer d'une autorisation pour mettre fin à leur quarantaine. Celle-ci pourrait être délivrée par un médecin traitant ou un infirmier.