L'infectiologue français Didier Raoult a critiqué lundi une étude parue dans la revue The Lancet mettant en doute l'efficacité de l'hydroxychloroquine pour soigner les malades du coronavirus, la jugeant "foireuse" car réalisée "par des gens qui n'ont pas vu de patients". "Comment voulez-vous qu'une étude foireuse faite avec les 'big data' (masse de données) change ce que nous avons ?", lance le Pr Raoult, de l'Institut hospitalo-universitaire (IHU) Méditerranée Infection à Marseille, dans une vidéo postée sur le site de l'établissement.
Une vaste étude parue vendredi dans The Lancet jugeait inefficace voire néfaste le recours à la chloroquine ou à ses dérivés comme l'hydroxychloroquine contre le coronavirus. "Ici (à l'IHU), il nous est passé 4.000 personnes dans les mains, vous ne croyez pas que je vais changer parce qu'il y a des gens qui font du 'big data', qui est une espèce de fantaisie complètement délirante qui prend des données dont on ne connait pas la qualité, qui mélange tout, qui mélange des traitements dont on ne connaît pas la dose donnée", poursuit-il.
"Rien n'effacera ce que j'ai vu de mes yeux"
Menée sur près de 15.000 malades, l'étude publiée dans The Lancet est la "première étude à large échelle" à apporter une "preuve statistique robuste" que la chloroquine et son dérivé, l'hydroxychloroquine, "ne bénéficient pas aux patients du coronavirus" selon le Dr Mandeep Mehra, son auteur principal.
L'ESSENTIEL CORONAVIRUS
> Vaccin, immunité, transmission : quatre questions toujours d'actualité sur le coronavirus
> Déconfinement : à quoi pourrait ressembler la nouvelle carte présentée le 2 juin ?
> Coronavirus : les 5 erreurs à ne pas commettre avec votre masque
> Coronavirus : l’Académie française a tranché, il faudra désormais dire "la" Covid-19
> Corrections statistiques, moyennes arrondies… les mesures exceptionnelles du bac 2020
> Pourquoi les infirmières françaises sont-elles parmi les plus mal payées d'Europe ?
"Rien n'effacera ce que j'ai vu de mes yeux", assure de son côté Didier Raoult. Le professeur marseillais revendique, pour son groupe de 3.600 patients, dont la plupart ont été traités par l'association hydroxychloroquine et azithromycine (un antibiotique), "la mortalité la plus basse au monde (…) à 0,5%".
Dans leur étude, les auteurs publiés par The Lancet ont observé une surmortalité chez les personnes traitées par cette association et recommandent de ne pas administrer ces traitements en dehors des essais cliniques. "Je ne sais pas si ailleurs l'hydroxychloroquine tue mais ici elle a sauvé beaucoup de gens", assure Didier Raoult, qui balaye l'hypothèse de sérieuses arythmies cardiaques provoquées par ce traitement, assurant qu'à Marseille aucun phénomène de ce genre n'avait été observé malgré "10.000 électro-cardiogrammes" pratiqués.