Plus d'un million de tests PCR au coronavirus sont réalisés chaque semaine en France et cette demande considérable concourt à l'engorgement des laboratoires d’analyse. Logiquement, les délais explosent pour avoir les résultats. Dans cette période extrêmement tendue, certains laboratoires n’hésitent pas à faire payer pour obtenir des résultats plus rapides. Europe 1 a mené l'enquête.
"96 euros TTC"
Depuis la fin juillet, la règle est claire : n’importe qui peut se faire tester gratuitement et sans ordonnance. Certains laboratoires ont donc flairé le bon filon : gagner du temps contre de l’argent, c’est-à-dire quelques billets pour faire remonter un dossier sur le dessus de la pile. Cette pratique illégale ne gêne pas ce laboratoire du centre de Paris : "C'est payant, 24 à 48 heures maximum, juste pour un PCR", détaille-t-on à l'accueil. Le prix ? "80 euros hors taxe, 96 euros TTC."
À Saint-Denis, en région parisienne, la situation est identique dans cet autre laboratoire avec un prix de 100 euros pour un résultat plus rapide. Dans la file d’attente, beaucoup de voyageurs sont prêts à payer. Fanny est infirmière et doit partir en Afrique dans deux jours, pour son travail : "Alors que je pars trois mois à l'étranger, je ne vais pas attendre et faire trois heures de queue pour avoir un résultat une semaine plus tard. Je ne me pose pas la question de savoir si c'est payant ou pas, légal ou pas."
Difficile de savoir combien de laboratoires abusent, mais cette pratique écœure les professionnels du secteur. "C'est révoltant, parce qu'on se donne à fond pour les patients au quotidien dans tous les laboratoires de France", s'indigne Lionel Barrand, président du syndicat national des jeunes biologistes médicaux. "Ce sont des tests entièrement pris en charge par la Sécurité sociale, donc le patient n'a rien à débourser."
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Des procédures engagées ?
"Du point de vue réglementaire, juridique et éthique, on ne peut pas facturer et prendre de l'argent aux Français, en plus du prix remboursé par la Sécurité sociale", abonde François Blanchecotte, le président du Syndicat national des biologistes. "Il n'y a pas de raison valable qu'on puisse se faire de l'argent sur le dos des Français simplement pour rendre un résultat plus rapide. J'espère que ça restera un cas isolé. En tout cas, il sera nécessaire que l'on puisse régler ça auprès du Conseil de l'ordre ou de la DGCCRF si c'est nécessaire."
De son côté, le ministère de la Santé, contacté par Europe 1, "condamne avec fermeté" cette pratique et rappelle que "tout laboratoire qui mettrait en place un tel système serait dans l’illégalité". "Le fait de faire payer l’accès facilité à un test va à l’encontre de la politique de test menée en France", rappelle-t-il. "Face à l'épidémie, l'heure est à la solidarité et à la responsabilité, pas au chacun pour soi." Selon nos informations, la direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) a été avertie et doit enquêter dans les plus brefs délais.