Le nombre de malades du Covid-19 hospitalisés en réanimation ou en soins intensifs atteint a atteint 3.147, avec 395 nouvelles admissions depuis la veille et 2.278 sur les sept derniers jours. C'est quatre fois plus que le 17 mars dernier, date du premier confinement. En tenant compte des sorties, le nombre de patients du Covid-19 actuellement en réanimation a augmenté de 102 ces dernières 24 heures. Dans son allocution mercredi soir, Emmanuel Macron a indiqué que, selon les projections de l'Institut Pasteur, 9.000 personnes seront dans ces services dans une quinzaine de jours. Alors comment faire face, quand la France ne dispose que d'une capacité de 5.800 lits ?
D'abord, les hôpitaux vont rouvrir tous les lits fermés par manque de personnel, soit un total d'environ 400 dans tout le pays. La déprogrammation des opérations non urgentes, qui déjà commencé dans presque toutes les régions, permettra de positionner des infirmiers qui travaillent normalement dans les salles d'opérations ou de réveil dans les services de réanimation.
Réorienter les services de chirurgie, l'aide de l'armée
Ensuite, quand les patients sont trop nombreux, il faut trouver d'autres solutions, comme l'explique Véronique Erquy, présidente de la Commission Médicale d'Etablissement du CHU de Grenoble. "On est obligés de transformer des services de chirurgie, avec des chirurgiens, des anesthésistes, des infirmières, des aide soignantes qui s'occupent d'opérés qui deviennent des unités qui prennent en charge des patients atteints de Covid en médecine."
Et puis, si ça ne suffit toujours pas, toutes les opérations non urgentes seront déprogrammées pour mobiliser l'ensemble des soignants uniquement sur le Covid. On rappellera aussi la réserve sanitaire, les médecins à la retraite, les étudiants en médecine. "Mais n'allez pas imaginer que ça représente beaucoup de monde", me confie un médecin réanimateur à Lille. "Et en plus, ce ne sera pas du personnel suffisamment qualifié".
Enfin, l'armée pourrait aussi prêter main forte. Il y a déjà des patients atteints du Covid dans les huit hôpitaux des armées que comptent le territoire. Et des hôpitaux de campagne, comme celui qui avait été installé à Mulhouse lors de la première vague, pourraient se multiplier dans les prochaines semaines. Chaque ville dispose d'un plan pour monter ces structures temporaires. A Marseille, par exemple, cela pourrait être dans le Stade Vélodrome ou dans les ferry qui resteront à quai.
Le nombre de lits de réanimation, déjà relevé de 5.100 à 5.800 après la première vague épidémique, était monté à 6.400 en début de semaine et devrait bientôt dépasser 7.000, selon le ministre de la Santé Olivier Véran. Jeudi soir, il a demandé à tous les hôpitaux d'activer le "plan blanc" pour "libérer" des lits.