Le premier ministre Jean Castex doit annoncer jeudi soir ce qu'il en sera du déconfinement originellement prévu pour le 15 décembre. Alors que le dernier bilan du coronavirus de Santé publique France fait état d'une nouvelle hausse des contaminations, un report pourrait être envisagé. D'après le Professeur Renaud Piarroux, épidémiologiste et chef du service de parasitologie du CHU de La Pitié-Salpêtrière, même si les chiffres "ne sont pas forcément désastreux", le risque est d'avoir une difficulté à gérer la période des fêtes car selon lui, le triptyque "tests, traçage et isolement" des cas n'est pas encore au point.
Un traçage à améliorer
"Il reste un problème sur l'ensemble "tester, tracer, isoler"", a-t-il ainsi déclaré jeudi sur Europe 1, insistant particulièrement sur l'importance du traçage. "Le problème qu'on a, c'est qu'actuellement, la plupart des personnes interrogées par l'assurance maladie disent ne pas avoir eu de contact. C'est difficile d'y croire : on a en moyenne 1,3 ou 1,4 contacts par personne. Et même avant le confinement, on était autour de 2", a-t-il souligné.
Selon lui, "les gens hésitent à donner leurs contacts, alors qu'il en va de l'intérêt même des contacts de se savoir positifs ! Puisque ne se sachant pas positifs, ils sont capables de contaminer leurs amis, leurs parents, leurs collègues - et ce n'est pas ce qu'ils veulent. Donc, le traçage mériterait d'être amélioré", a-t-il martelé.
Prudence pendant les fêtes
D'autant que la période des fêtes approche à grands pas. Renaud Piarroux a d'ailleurs rappelé que, même s'il est possible de se faire tester partout, les résultats "sont délivrés 'brut de décoffrage', c'est à dire positif ou négatif, alors que l'on devrait les interpréter. Un test négatif, ça peut être un problème de période à laquelle le test a été fait s'il a été fait trop tôt, ça ne veut pas dire que la personne ne va pas être positive le lendemain."
Aussi, alors que des réouvertures pourraient, ou non, être annoncées par Jean Castex jeudi soir, la question du traçage des cas est particulièrement importante. "Le problème c'est d'avoir plein de situations qui augmentent un peu le risque, comme on est juste autour de la stabilité. Si on augmente, on va se retrouver dans une situation de plus en plus difficile à gérer. Les fêtes présentent un risque en particulier par le fait qu'il y a Noël, puis une semaine après le jour de l'an. Les personnes qui se contamineront à Noël seraient contaminantes au jour de l'an. Il y a un effet d'amplification par l'existence de deux périodes de fêtes à une semaine d'intervalle."
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L'épidémiologiste a par ailleurs noté un problème d'isolement, car d'après lui cela "ne sert à rien d'enfermer quelqu'un, surtout si on l'enferme avec sa propre famille, car il va continuer à contaminer sa famille, qui elle peut entrer et sortir du domicile - et donc, les chaînes de transmission ne sont pas interrompues. Il est surtout important d'aider les personnes à s'organiser pour ne pas transmettre la maladie."