Attendu pour "booster" les chiffres de la vaccination en France, le vaccin Johnson & Johnson contre le Covid-19 tiendra-t-il ses promesses ? Son déploiement en Europe a été retardé après la détection de cas sévères de caillots sanguins aux Etats-Unis et l'Agence européenne du médicament doit prendre une décision la semaine prochaine. Mais un autre paramètre interroge le professeur d'immunologie pédiatrique et chercheur en biologie Alain Fischer, invité d'Europe Midi, jeudi : une seule injection de ce vaccin unidose suffira-t-elle vraiment à protéger contre le virus ?
Une seconde dose pour "amplifier encore" la protection ?
"Ce qui est clair, c'est que ce vaccin est efficace après une dose, c'est absolument indiscutable, avec de bons résultats qui sont comparables à ce que l'on obtient quand une personne a reçu une dose du vaccin AstraZeneca", pose d'abord Alain Fischer. Il est donc "légitime que des autorisations de mise sur le marché aient été obtenues", selon le spécialiste.
Mais, nuance le professeur d'immunologie, les autres sérums nécessitent l'injection d'une deuxième dose afin que l'immunité soit durable. "Ce à quoi je m'attends, c'est que l'injection d'une seconde dose, comme cela se fait avec les autres vaccins, permettent d'amplifier encore cette protection", avance-t-il.
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Sur quelles bases scientifiques peut s'asseoir cette présomption ? "Il y a des études cliniques en cours", affirme Alain Fischer, martelant ne "pas voir la spécificité" qui permettrait "d'emblée" au vaccin Johnson & Johnson d'être efficace avec une seule injection. Et d'affirmer : "On verra dans les semaines qui viennent que deux doses seront mieux qu'une."
"Une transparence totale" des autorités et du système de santé
Ces évolutions dans l'administration des vaccins, qu'il s'agisse du nombre de doses ou du public à vacciner, ne sont-elles pas susceptibles d'accroître les craintes d'une population déjà partiellement réfractaire ? "Ce serait bien pire de le cacher", répond le spécialiste. "Ce serait la situation qui créerait la pire des défiances à l'égard de la vaccination en général. Il est absolument indispensable, même si c'est compliqué, d'assurer une transparence totale. Je pense que c'est un devoir des autorités et du système de santé en général vis-à-vis des citoyens."
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Une transparence qui doit, selon Alain Fischer, permettre d'administrer les bons sérums aux bonnes personnes, afin de gagner une "course de vitesse" contre le virus et ses variants. "On a besoin de tous les vaccins. Il faut poursuivre la pédagogie pour que les vaccins à adénovirus, et spécifiquement AstraZeneca, soient utilisés pour les personnes qui peuvent le recevoir."