Le ministre de la Santé Olivier Véran a annoncé l’ouverture de la vaccination contre le Covid-19 à toutes les personnes âgées de 55 ans et plus à partir de lundi. Soit quasiment 4 millions de personnes supplémentaires qui pourront recevoir une première injection. L'objectif du gouvernement est toujours d'atteindre le cap des 20 millions de Français vaccinés d'ici le 15 mai, et 30 millions d'ici le 15 juin. Pour y parvenir, l'exécutif a choisi de s'inspirer de la méthode britannique, en espaçant les injections de doses de vaccins de 28 à 42 jours, ce qui doit permettre d’amortir les retards annoncés dans la livraison de certaines doses.
Mais du côté de la communauté scientifique, des voix s’élèvent désormais pour demander un recentrage des politiques vaccinales vers les plus jeunes, chez qui le virus circule activement mais de façon plus discrète.
Les vaccins pour enfants ne sont pas encore validés
Faut-il vacciner les enfants ? "C’est un scénario qui est sur la table", a répondu Agnès Pannier-Runacher, la ministre déléguée à l’Industrie au micro du Grand Rendez-vous, dimanche sur Europe 1. Cependant, aucun sérum n'est actuellement disponible à destination des plus jeunes. "Aujourd’hui les vaccins pour les enfants ne sont pas disponibles, car ils font l’objet d’essais cliniques particuliers et de validations particulières. C’est encore plus strict que pour les adultes", a-t-elle précisé.
Vendredi soir, Pfizer-BioNTech a formulé une demande d’extension de l’autorisation en urgence de son vaccin aux adolescents âgés de 12 à 15 ans.
"Si on veut casser la chaîne de transmission, il faut la couper de bout en bout"
Dans les colonnes du Journal du Dimanche, l’épidémiologiste Antoine Flahault, directeur de l'Institut de santé globale à Genève, en Suisse, rappelle que les écoles jouent un rôle fondamental dans la circulation du virus. "Leur fermeture a permis au Portugal, au Royaume-Uni, à l’Irlande et au Danemark de reprendre le contrôle", argue-t-il.
Pour l’infectiologue Benjamin Davido, qui travaille à l'hôpital Raymond-Poincaré de Garches, cela s’explique par le fait que les enfants représentent un réservoir important pour le SARS-CoV-2, d’autant plus redoutable qu’il est parfois difficile à identifier. "Si on veut casser la chaîne de transmission, il faut la couper de bout en bout parce que le réservoir se fait chez les plus jeunes. Plus on est jeune plus on est asymptomatique, et plus on est asymptomatique plus on échappe au testing parce que l’on ne se sait pas malade", développe-t-il dans Europe Midi. "Je pense que vacciner les enfants est la clef de la réussite de la vaccination", affirme encore ce médecin.
Pas de vaccination obligatoire pour les enfants
"Désormais on vaccine dès le plus jeune âge, à la naissance, contre certaines maladies transmissibles comme la rougeole, et c’est ce qu’il faut arriver à faire avec le Covid-19", soutient Benjamin Davido. Toujours sur Europe 1, Agnès Pannier-Runacher a précisé qu’il n’était pas question de rendre obligatoire cette vaccination - lorsqu’elle sera disponible -, dans la mesure où elle ne l’est pas pour les adultes.
Du 22 au 28 mars, le taux d’incidence du Covid-19 était en forte hausse par rapport à la semaine précédente dans toutes les classes d’âge, mais l’augmentation la plus importante était constatée chez les 0-14 ans (+31%), selon les dernières données détaillées de Santé Publique France, ce qui indique que la circulation du virus est particulièrement active chez les plus jeunes. De son côté, Benjamin Davido l'assure : "80 à 90% de la population devra être vacciné pour atteindre l’immunité collective".