Le délai entre les deux doses du vaccin Pfizer contre le coronavirus sera maintenu à "trois ou quatre semaines", a annoncé mardi le ministre de la Santé Olivier Véran, en dépit des avis de deux autorités sanitaires qui estimaient qu'on pouvait l'allonger à six semaines. "Nous sommes face à une part d'inconnu, je fais le choix de la sécurité des données validées", s'est justifié le ministre, assurant que la question était "légitime" mais qu'un report n'aurait in fine qu'un "impact mineur sur le rythme des vaccinations".
Davantage de personnes recevraient la première injection dans un premier temps, mais il faudrait ensuite assurer la deuxième injection dans les semaines suivantes et "fin mars, début avril, in fine, le nombre de personnes vaccinées serait le même", a expliqué Alain Fischer, président du Conseil d'orientation de la stratégie vaccinale. "Nous n'avons aucune information disponible sur l'efficacité dans la durée d'une première dose", a aussi souligné l'immunologue. Selon des données préliminaires publiées en Israël, "chez les sujets âgés de plus de 60 ans, la protection contre la survenue d'un Covid dans la période entre la première et la seconde dose n'est que de 33%", ce qui constitue une "déception", a-t-il ajouté.
Les deux responsables ont également mis en avant des arguments pratiques en faveur du maintien du délai actuel (nécessité de rappeler toutes les personnes ayant déjà un 2e rendez-vous programmé) et le fait que la plupart des autres pays ont fait le même choix (à l'exception du Royaume-Uni, du Québec et du Danemark).
Une idée de départ de l'ANSM, validée ensuite par la HAS
Le vaccin contre le Covid-19 développé par l'américain Pfizer et l'allemand BioNTech, premier à avoir été autorisé dans l'Union européenne, le 21 décembre, repose sur l'injection de deux doses, espacées de 21 à 28 jours. Au vu du nombre limité de doses disponibles, l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) a estimé le 7 janvier que la 2e dose pouvait être administrée "entre 21 et 42 jours", afin d'augmenter le nombre de patients recevant la 1ère dose dans un délai réduit.
"Il est possible sans risque et sans perte d'efficacité de différer la 2e injection du vaccin" Pfizer-BioNTech "jusqu'à six semaines au lieu de trois", avait assuré Olivier Véran après cette annonce. Le gendarme des produits de santé faisait notamment valoir que l'essai clinique mené par les laboratoires avait établi l'efficacité du vaccin "dans une fenêtre allant de 19 à 42 jours". La Haute autorité de santé (HAS) avait à son tour estimé samedi qu'espacer de six semaines l'injection des deux doses constituait "une option à considérer".
Depuis le début de la vaccination en France le 27 décembre, 1.092.958 injections de vaccin ont été réalisées, pour l'essentiel des premières injections. "En février, il faudra assurer le rappel des personnes primo-vaccinées en janvier" et donc "le nombre de personnes qui recevront une première injection en février sera plus faible qu'en janvier", a relevé Olivier Véran.