Quand la vie normale va-t-elle reprendre ses droits en France ? Alors que l'exécutif semble évoquer l'horizon de la mi-mai pour le desserrement de certaines contraintes liées au Covid-19, les spécialistes se veulent prudents sur l'allègement prévu des restrictions dans un pays où la pression hospitalière reste très forte. Pire, la circulation accrue des variants pourrait mettre à mal le plan du gouvernement, avec une recrudescence de cas de variants brésilien ou sud-africain, comme le craint l'épidémiologiste Dominique Costagliola sur Europe 1, lundi soir.
Pas "d'avantage sélectif" pour le variant brésilien
Selon la spécialiste, nous vivons actuellement "une période qui va favoriser la diffusion des variants d'échappement", c'est-à-dire "des variants qui permettent au virus d'infecter des gens déjà protégés", soit parce qu'ils ont déjà contracté la maladie, soit parce qu'ils ont été vaccinés.
C'est également l'avis du Conseil scientifique : dans un avis publié dimanche, l'institution indique que le variant brésilien pourrait devenir majoritaire en France d'ici à l'été. "Ces variants sont déjà en France", assure Dominique Costagliola. "Pour l'instant, le variant brésilien n'a pas d'avantage sélectif car il n'y a pas une immunité collective suffisante."
Des variants "à craindre"
Pourtant, "le virus n'a pas besoin de ce variant-là pour continuer à infecter des gens, car il trouve encore plein de gens qui n'ont pas de protection", poursuit l'épidémiologiste. "Avec la montée de l'immunité collective grâce à la vaccination, il va en trouver de moins en moins, et c'est à ce moment-là que des variants d'échappement vont devenir dangereux, brésilien, sud-africain ou d'autres qui pourraient émerger, comme le variant indien, déjà décrit au Royaume-Uni."
Une perspective peu réjouissante, souligne la spécialiste, qui appelle les pouvoirs publics et la population à prendre cette menace très au sérieux : "À partir du moment où il y aura plus d'immunité collective, ces variants d'échappement sont ceux qu'il faut craindre le plus." Lundi midi, à rebours de cette position, le virologue Jean-Michel Pawlotsky a estimé que le variant brésilien n'était "pas une menace pour la France".
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Vacciner les enfants ?
Dans ce contexte, deux choses peuvent être faites pour lutter contre la progression, a priori inexorable, de ces variants : "On diminue la circulation du virus", propose d'abord Dominique Costagliola, peu satisfaite par les mesures prises jusqu'ici par le gouvernement, en population générale et à l'école.
La deuxième option pour permettre de reprendre une longueur d'avance sur le variant brésilien consiste à augmenter le nombre de personnes protégées grâce à la vaccination : "Avec le variant britannique, majoritaire en France, il va falloir atteindre un niveau d'immunité collective plus élevé que ce qui aurait été nécessaire avec le précédent. Il faut 75% à 80% de personnes protégées", détaille l'épidémiologiste. "Notre cible actuelle, les adultes, ce sont moins de 80% de la population et on sait bien que tout le monde ne se fera pas vacciner. Il va falloir envisager la vaccination des enfants." Et ainsi entrevoir le bout du tunnel ?