Mercredi matin, à l’ordre du jour du conseil de défense Covid-19, une question : faut-il vacciner nos ados ? Après l’agence européenne des médicaments (EMA) qui a donné son feu vert pour la vaccination des 12-15 ans, la Haute autorité de santé (HAS) va rendre son avis mercredi matin. Les États-Unis et le Canada, eux, ont déjà débuté la vaccination des adolescents, tandis que l’Allemagne commencera le 7 juin prochain. En France, des spécialistes des vaccins plaident pour l’immunisation des collégiens et des lycéens dans les prochains mois, mais le sujet ne fait pas l'unanimité dans la communauté scientifique.
"Un intérêt individuel et collectif"
Les experts en faveur de cette vaccination s’appuient sur une étude menée par le laboratoire Pfizer qui démontre une efficacité vaccinale de 100% chez les ados de 12 à 15 ans. Pour le pédiatre Robert Cohen, la vaccination des ados répond à deux objectifs : leur protection et surtout celle de leur entourage. "Les adolescents sont quasiment aussi porteurs que les jeunes adultes du virus et il y a plusieurs études, dont certaines de l'Institut Pasteur, qui montrent qu'avoir des adolescents augmente le risque d'attraper le Covid. Donc on a à la fois un intérêt individuel et un intérêt collectif pour le reste de la société."
Autrement dit, vacciner les ados limiterait encore un peu plus la circulation du virus. En France, seuls les plus de 16 ans seraient dans un premier temps concernés.
Aux États-Unis, l'espoir du retour à la normale comme moteur
Aux États-Unis à New-York, Europe 1 a rencontré des ados vaccinés qui souhaitaient justement limiter la circulation du virus pour retrouver l'insouciance cet été. La vaccination contre le Covid (avec celui de Pfizer) y est ouverte aux 12-15 ans depuis le 13 mai dernier et déjà plus de 2,5 millions d’adolescents ont reçu leur première dose. "Je voulais le faire depuis longtemps. Dès que ça a été autorisé pour les adolescents, j’ai voulu recevoir le vaccin. Tous mes amis ont été vaccinés, et je suis dans les dernières. On est tous d’accord pour dire qu’il faut se protéger et que c’est important", confie ainsi Sarah, 15 ans, qui sort d’un grand centre de vaccination de Manhattan.
Sa mère Yelena l'a accompagnée. Elle a eu besoin d’un temps de réflexion et s’est beaucoup renseignée avant d’autoriser sa fille à prendre rendez-vous. "J'étais un peu inquiète parce que je ne suis pas hyper fan des vaccins. Mais je pense que celui-là, contre le Covid, il va nous changer la vie". Un retour à la normale également espéré par Sandra, rencontrée par Europe 1, qui voulait absolument que ses deux fils soient vaccinés. "C’est nous qui avons pris la décision. Ils voulaient le faire aussi, tous leurs amis vont le recevoir. Dans presque toutes les familles que je connais à New York, les enfants vont être vaccinés. Notre philosophie, c'est que plus vite tout le monde le sera, plus vite les enfants iront à l'école ou en colonie".
Vacciner d'abord les personnes fragiles dans le monde avant les adolescents ?
Emmanuel Baron, directeur d’épicentre, le groupe de recherche et d’épidémiologie de Médecin sans frontières (MSF), n’est pas opposé à cette vaccination, mais ce n’est pour lui pas l’urgence : il faut avant tout vacciner les personnes fragiles dans le monde entier pour ne pas prendre le risque de voir apparaître de nouveaux variants. " Attention !", martèle-t-il, "l'exemple de l'Inde devrait nous encourager à être extrêmement prudents et à savoir équilibrer les choses en matière de délivrance de vaccins."
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Alors que le sujet est encore loin de faire l’unanimité dans la communauté scientifique, le défi pour l’administration américaine reste de convaincre les réticents. D’après une étude publiée en avril, près de 20% des familles américaines ne souhaitent pas faire vacciner leurs enfants. En France, certains experts réclament même un débat public pour bien prendre le temps de peser le pour et le contre de la vaccination des adolescents.